Affirmer la nécessaire diversité des ministères (Christophe Paya : Diversité des ministères ? État des lieux et perspectives) ainsi que la succession des saisons, parfois la survenue de nuits, au cours du ministère (Linda Oyer et Louis Schweitzer : Les phases de la vie spirituelle du responsable) pose la question de la capacité ecclésiale à identifier, reconnaître et accompagner dans la durée les ministères que Dieu donne à son Église.
S’il est une commande que la modernité tardive adresse aux structures contemporaines, quelles qu’elles soient – l’Église ne fera pas exception –, c’est précisément celle-ci : se départir des rôles et des parcours univoques et admettre la pluralité croissante des profils et des parcours de vie. Ceci afin de faire droit à la reconnaissance de la singularité de chacun, dans ses capacités, ses aspirations et ses conditions concrètes de vie et d’exercice ; et permettre ainsi à chacun, au fil des saisons, d’évoluer et d’approfondir sa vocation ministérielle propre.
La bonne nouvelle est qu’une étude attentive des réflexions en cours dans la diversité des Églises (luthéro-réformées, évangéliques et catholique romaine) manifeste qu’un trend commun pousse dans cette direction. À grands traits, c’est ce que manifestent, par exemple, les réformes récemment vécues dans l’UEPAL et actuellement conduite dans l’EPUdF autour de la question de la reconnaissance de la diversité ministérielle (au sein et à côté du ministère pastoral), la réflexion en cours dans la Fédération baptiste sur ce même item, ou encore, concrètement, la reconnaissance au prochain synode de l’Union des Églises libres d’un ministère pastoral spécialisé enfance-jeunesse. Une première. Les mouvements charismatiques et pentecôtistes, ne sont pas en reste, avec la montée en puissance, ces dernières années, de la reconnaissance des ministères de type Éphésiens 4 ou, pour les Assemblées de Dieu, la constitution d’un groupe de travail sur ce sujet de la diversité des ministères en vue de 2024. Quant au monde catholique, un certain nombre d’observateurs parient sur le fait que le synode sur la synodalité de 2023 servira de déclencheur à une réforme ecclésiologique d’ampleur travaillant dans le même sens (élargissement du ministère ordonné aux hommes mariés et aux femmes ainsi que la mise en œuvre d’une pluriministérialité : reconnaissance de ministères laïcs au côté des prêtres et des diacres). Le décès du pape Benoît XVI (grand promoteur de l’idéal sacerdotal à la suite du pontificat de Jean-Paul II), tout juste à l’aune de ce synode historique, pourrait travailler dans cette direction d’un élargissement et d’une diversification des ministères dans l’Église catholique. L’histoire nous le dira !
Plus modestement, et pour ce qui nous appartient à l’échelle de nos Églises protestantes évangéliques, nous formons le vœu que cette nouvelle livraison des Cahiers, notamment par les deux articles nommés en tête de cet édito, puisse contribuer à faire avancer cette réflexion vitale pour le développement de nos communautés : reconnaître (et accompagner dans la durée) la diversité des ministères (reconnus) pour le déploiement du ministère de tous dans l’Église.
Erwan Cloarec