9 août 1817. Le pasteur baptiste Victor Lepoids

publié le 9 August 2024 à 02h01 par José LONCKE

9 août 1817.  Naissance de Victor Lepoids (1817-1890)


Le pasteur Aimé Cadot a été en son temps un auteur prolixe et apprécié. Il avait fait également œuvre d’historien avec la publication de ses Notes et Récits. Cet ouvrage est à la fois irremplaçable et introuvable. Serait-il lu si on le rééditait ? Peut-être ces quelques Pages choisies, donneront une idée de ce qu’on perd à ne pas le lire et l’envie d’en lire davantage.

Ce qu’il écrit sur Victor Lepoids : 


« VICTOR LEPOIDS (1817-1890) EN PRISON. Ce fidèle pasteur avait été consacré au saint ministère le 22 mai 1842, dans l’Eglise baptiste de Baisieux (Nord). Nous avons dit que, placé à Chauny, il y avait établi une école du soir pour adultes, absolument gratuite. Les ouvriers de la fabrique de glaces, et ceux des produits chimiques de la ville, profitaient de cette bonne aubaine, et tiraient aussi profit des saintes paroles de notre frère. L’un deux, nommé Miel, homme intelligent, que nous avons beaucoup connu, ayant été converti, ne fut pas sitôt amené à la précieuse lumière du salut, qu’il s’en alla en porter la gracieuse nouvelle à Servais, où demeurait sa famille.


Ce fut la cause d’un grand émoi pour le curé du lieu, qui s’agita fort furibond, dans le village et dans son Eglise, et se hasarda même à écrire, contre le pasteur Lepoids, une brochure stupide, pleine de niaiseries ridicules. Elle servit, croyons-nous, à affermir les nouveaux prosélytes, parce qu’ils virent que le benoît auteur du stupide écrit ne pouvait pas du tout justifier sa foi anti-évangélique par l’enseignement du Sauveur et des apôtres.
Mais s’il ne put montrer que son enseignement était celui des premiers chrétiens, il chercha du moins à noircir notre frère Lepoids et à jeter l’opprobre sur celui-ci sur la foi évangélique. Il fit plus : il informa l’évêque de Soissons de ce qui se passait touchant les auditeurs qui écoutaient le pasteur Lepoids ; et l’évêque – sans essayer de défendre son Eglise par l’Evangile, sachant sans doute qu’il ne pouvait y puiser des arguments clairs et sûrs contre les protestants – écrivit au préfet de l’Aisne, et le pria d’agir de son mieux contre le pasteur de Chauny.
Mais notre vaillant frère Lepoids fut serré de plus près. Ordre avait été donné à tous les maires, gendarmes, commissaires, appariteurs et gardes champêtres de toutes les communes du département, de dresser procès-verbal contre le sieur Lepoids, partout où il serait trouvé assemblé avec ses coreligionnaires.
Le 26 août 1846, procès-verbal fut dressé contre Victor Lepoids et contre M. Courtois père, qui lui avait prêté sa maison pour une réunion. – Le 29, comparution du pasteur Lepoids devant le procureur du roi Louis-Philippe à Laon «pour rendre compte de sa conduite ». – Le 22 novembre, procès-verbal déclaré contre M. Foulon, l’aide du pasteur de Chauny. – Le 26 du même mois, nouveau procès-verbal à Servais contre M, Besin, colporteur évangéliste.
Le 4 décembre, nouveau procès-verbal contre MM. Lepoids et Besin, sur une tombe à Servais. Cette fois les gendarmes emmenèrent ces deux fidèles témoins de la vérité à La Fère, où ils furent gardés en prison pendant sept jours sans avoir été condamnés. - Le 10 janvier 1847, le pasteur de Chauny, trouvé auprès d’un frère malade, à Servais, fut expulsé brutalement de la maison de celui-ci, par le garde-champêtre du village.


Condamnés, nos frères Lepoids et les autres en appelèrent du tribunal de Laon à celui d’Amiens. Mais, nous l’avons dit, quoique noblement défendus par M. Henri Lutteroth, beau-père de M. Waddington qui fut conseiller général de l’Aisne, député et ministre, et par M. de Brouard, avocat du barreau de Paris, leur condamnation fut confirmée, le 25 mars 1847, dans la capitale de la Picardie. Ils portèrent leur cause devant la Cour de Cassation, où ils furent défendus par M. le compte Jules Delaborde, fils d’un général du premier Empire. Mais, ce Tribunal suprême confirma, le 7 janvier 1848, le jugement de la cour royale d’Amiens.

Donc, il n’y avait plus d’espoir : il fallait céder, il fallait souffrir.
Qu’allaient devenir nos chers frères de Chauny et des environs ? On pouvait les compter entre les citoyens les plus dignes, les plus sobres, les plus pacifiques, les plus dévoués à leurs devoirs. Malgré cela, pasteurs et troupeaux allaient avoir de nouvelles misères à supporter de la part des autorités, conséquences de l’hostilité des prêtres et de la malveillance de leurs adhérents.


Jusque-là, les persécutés étaient demeurés fermes, parce que Dieu les avait soutenus et qu’il avait attiré à leurs assemblées de nouveaux prosélytes. De plus, ils pouvaient espérer que Celui qui redresse les juges leur donnerait la victoire. Donc, ils avaient réclamé justice et ils étaient allés d’une juridiction à une autre. Mais maintenant, il n’y avait plus, semblait-il, aucune espérance ; car qui plaiderait mieux leur cause que leurs vaillants avocats ? C’était en vain qu’ils avaient prié pour ceux-ci, semblait-il. Les meilleurs arguments n’avaient eu aucun effet. C’était donc fort décourageant.
En outre, qui paierait leurs amendes et les frais de leurs procès ? Les frères condamnés étaient de simples ouvriers des champs ou des journaliers travaillant dans les ateliers. Leurs pasteurs n’étaient pas plus riches qu’eux. Qui d’entre ces frères paierait pour les autres ?
Personne ne paya pour eux… Et pourtant ils ne versèrent pas un sou.
- Les juges rentrèrent-ils donc en eux-mêmes ?
- Non.
- Leurs ennemis revinrent-ils de leurs accusations ?
- Pas du tout.
- Les prêtres ouvrirent-ils alors les yeux à la vérité de l’Evangile et plaidèrent-ils la cause de nos pauvres frères dans la peine ?
- Non !
- Alors ?
- Alors, le 24 février 1847, la royauté de Louis-Philippe tomba. On proclama la République, et ce nouveau gouvernement défit ce que l’autre avait fait. Plus juste et plus libéral, il ouvrit à nos frères de l’Aisne les avenues de la liberté, et comme ceux-ci n’étaient coupables d’aucun mal, qu’ils n’avaient fait tort à personne, et qu’on n’avait contre eux d’autres griefs que celui de leur prétention à servir Dieu d’une façon conforme à celle des premiers chrétiens, - et de montrer ainsi que l’enseignement des prêtres était en contradiction avec la doctrine du Christ et des apôtres, - le nouveau gouvernement fit remise aux condamnés des amendes et des frais auxquels on les avait condamnés.

Ainsi Dieu vint à leur secours, et si quelques-uns avaient auparavant douté, ils durent reconnaître qu’ils s’étaient découragés à tort, et ils rendirent gloire à Dieu de leur délivrance. – Assurément, malgré les maux de la vie, si nous lui sommes fidèles, il nous délivrera aussi, et nous lui rendrons également grâces après nos épreuves ».

9 août 1817.  Le pasteur baptiste Victor Lepoids

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