Georg Neumark (16 mars 1621-18 juillet 1681), juriste et bibliothécaire à Weimar. Il fit partie d'un cercle de poètes.
Son cantique : "Wer nur den lieben Gott lässt walten", est un des grands chorals allemands, dont le texte eut une grande influence. La musique est de Neumark lui-même : AA 43-04 « Seigneur reçois, Seigneur pardonne ».
Il est attaqué par des bandits, près de Magdeburg, alors qu’il se rend à Königsberg pour ses études. Les bandits ne lui laisse que son livre de prière et quelques piécettes cachées dans la doublure de ses vêtements. Les amis qu’il se fait le font passer de ville en ville, mais Georg Neumark échoue à trouver un emploi rémunéré, durant ce triste hiver de privations. Et soudain à Kiel, vers la fin de l’année 1641, une porte s’ouvre, inespérée : un poste de précepteur dans une riche famille Henning se libère opportunément. Son ami le pasteur Nicolaus Becker le recommande chaudement et il obtient le poste. C’est cette délivrance de ses anxiétés qu’il met en vers dans ce cantique, appelé « Consolation », à partir du Psaume 55.22 : « Remets ton sort à l’Eternel et il te soutiendra. ». Texte et musique datent de la fin 1641, début 1642, mais ne furent publiés qu’en 1657. Bach en a composé une cantate. Et Mendelssohn l’a utilisé dans son Saint-Paul.
Wer nur den lieben Gott lässt walten
Und hoffet auf Ihn allezeit
Der wird Ihn wunderlich erhalten
In aller Not und Traurigkeit.
Wer Gott dem Allerhöchsten traut
Der hat auf keinen Sand gebaut.
Ceux qui laissent faire le bon Dieu
Et toujours en lui ont espoir,
Dieu, les garde étonnamment
Malgré malheur et tristesse.
Ceux qui se fient au Très-haut,
N’ont pas bâti sur du sable
Was helfen uns die schweren Sorgen?
Was hilft uns unser Weh und Ach?
Was hilft es dass wir alle Morgen
Beseufzen unser Ungemach?
Wir machen unser Kreuz und Leid
Nur größer durch die Traurigkeit.
Que nous servent les lourds soucis ?
Que nous servent pleurs et tourments ?
Que nous sert de nous lamenter
Chaque matin sur notre gêne ?
La tristesse ne fait qu’accroître
Notre croix et notre souffrance.
Man halte nur ein wenig stille
Und sei doch in sich selbst vergnügt
Wie unsres Gottes Gnadenwille
Wie sein’ Allwissenheit es fügt
Gott der uns Ihm hat auserwehlt
Der weiß auch sehr wohl was uns fehlt.
Qu’on veuille se tenir tranquille
Et en soi-même content,
Comme Dieu le veut en sa grâce
Et le dicte sa toute science.
Dieu qui nous a, à Lui, élus,
Sait fort bien tout ce qui nous manque.
Er kennt die rechte Freudenstunden
Er weis wohl wenn es nützlich sei
Wenn Er uns nur hat treu erfunden
Und merket keine Heuchelei.
So kommt Gott eh wir uns versehn
Und lasset uns viel Guts geschehn.
Il sait les vraies heures de joies,
Il connaît bien l’heure opportune,
Pour peu qu’il nous ait trouvés
Fidèles et sans hypocrisie.
Dieu vient, sans nous prévenir,
Et nous fait advenir grand bien.
Source : Anthologie bilingue de la poésie allemande, Gallimard, p236-239