30 mai 1943, le pasteur Roland de Pury est arrêté par la Gestapo, en plein culte. Opposé à la collaboration après la prise de pouvoir de Pétain en 1940, il avait participé à la rédaction des thèses de Pomeyrol dans lesquelles l’Eglise « élève une protestation solennelle contre tout statut rejetant les Juifs hors des communautés humaines ».
Dimanche après dimanche, sa prédication développait les thèmes d’une « résistance spirituelle ». L’auditoire est partagé : une dame furieuse lui dit à la sortie : « Si vous n’aimez pas le Maréchal, rentrez en Suisse ». Mais André Philip, député socialiste du Rhône et futur ministre du Général de Gaulle, vient l’embrasser les larmes aux yeux.
Ces sermons courageux touchent de grands résistants comme Henri Frenay, chef du réseau et du journal clandestin "Combat", qui écrit :
« Souvent Bertie (Albrecht) et moi sommes allés au temple de la rue Lanterne pour entendre les sermons de Roland de Pury. Quelle joie était-ce pour nous d’écouter cet homme dire à haute voix devant un auditoire nombreux, et en termes à peine différents, ce que nous écrivions dans nos feuilles clandestines. »
Ces sermons lui valent son arrestation. Incarcéré au fort de Montluc jusqu’au 25 octobre, il écrit sur des bouts de papiers récupérés sur les emballages des colis alimentairesavec et avec des petits bouts de crayons conservés au risque de se faire fusiller, un commentaire de la première épître de Pierre, "Pierres Vivantes", publiés en 1944, ainsi qu'un "Journal de Cellule", dont une première édition parut en Suisse avant la Libération de la France ; une édition complète fut publiée en 1981.
Pendant son incarcération paraît "Présence de l’éternité", consacré aux fêtes chrétiennes. Ce « bouquin », écrit-il, qui « criait au dehors librement au moment où on me fermait la bouche ».