3 février 1908. Yvonne Jean, André Chouraqui et la découverte de la Bible
La traduction de la Bible faite par André Chouraqui (1917-2007) ne laisse personne indifférent ! Il est difficile en effet de ne pas réagir devant le souffle poétique, la verdeur, l'actualité du texte qu'il restitue dans une vitalité bondissante. Chouraqui invite à redécouvrir l'original hébreu, à revisiter les paysages de l'Israël biblique, à retrouver l'Orient originel.
Le premier contact d’André Chouraqui adulte avec la Bible de ses ancêtres survient par des voies détournées... et chrétiennes. Entre ses deux baccalauréats, durant l'été 1934, André Chouraqui part d’Algérie pour la métropole afin d’y subir une opération de la cheville. Il séjourne à Courbevoie, à la Clinique de la Montagne où le Professeur Ducroquet lui rend l'usage de sa jambe paralysée par une transplantation de muscles. Il est ainsi débarrassé partiellement d’une infirmité due à une attaque de poliomyélite survenue à l’âge de sept ans.
Deux jeunes infirmières protestantes, qui se destinaient à soigner les lépreux dans des missions protestantes en Afrique ou en Océanie, lui font lire la Bible, dans la traduction protestante de Louis Segond. Elles témoignent de leur foi et s'engagent avec lui dans de longs débats sur Dieu et les réalités spirituelles.
Yvonne Jean (1908-1975), née le 3 février 1908 est la plus âgée des deux infirmières. Nièce d’un pasteur cévenol, elle va d’ailleurs correspondre avec lui pendant près de trois ans.
« Yvonne Jean, inspira mon retour à la Bible… » écrira plus tard André Chouraqui dans « Ce que je crois » (1979).
Infirmière. - À la fin de sa vie, professeur dans une école protestante, le Cours Isaac Homel.
Yvonne Jean publiera en 1997 ses « Lettres à André Chouraqui » (Yvonne Jean, Lettres à André Chouraqui, Editions du Rocher, 1997).
Renvoyé à ses racines, convaincu définitivement que Dieu existe, conscient que la Bible qu’il lit et médite en traduction française ne donne qu’un aperçu du génie de la langue hébraïque, André Chouraqui décide de se mettre à l’étude de son patrimoine.
Et c’est ainsi qu’il va proposer une première traduction du Cantique des Cantiques en 1953 et des Psaumes en 1954. Il s’attaque alors à la traduction de la Bible entière.
De 1974 à 1977, il en donne une traduction en 26 volumes rééditée en un volume en 1985. Cette traduction a ceci d’original que, contrairement à la tradition juive, elle inclut le Nouveau Testament, que Chouraqui appelle le « Pacte Neuf ».
Yvonne Jean meurt le 13 février 1975.