21 janvier 1959. Cecil B. DeMille : deux fois les Dix-Commandements
Cecil Blount DeMille, plus couramment appelé Cecil B. DeMille, est un réalisateur et producteur américain (12 août 1881-21 janvier 1959). Il réalisa deux versions des Dix-Commandements.
Son père Henry DeMille descendait d’une famille protestante flamande, de Mille (Du Moulin), originaire de Bruges, réfugiée aux Pays-Bas à la fin du 16e siècle lors des persécutions espagnoles. La famille avait ensuite émigré en Amérique en 1658 et était membre actif de l’Eglise épiscopalienne. Sa mère Mathilda Samuel était arrivée aux États-Unis en 1871, à 18 ans avec sa famille juive allemande. Elle s’était convertie.
Il a été élevé dans la culte des Ecritures.
1. Les Dix-Commandements de 1923
Les Dix Commandements (The Ten Commandments) est un film muet épique américain réalisé par Cecil B. DeMille, et sorti pour les fêtes de Noël de 1923.
DeMille entreprit la réalisation d'un film aux moyens colossaux : Les Dix-Commandements : deux mille cinq cents figurants, trois mille animaux, un budget de près de 1 500 000 dollars. Énorme succès, le film en rapporta trois fois plus.
Après un prologue, dans sa première partie (un tiers du film), le film raconte l'épisode biblique de la captivité des Hébreux en Egypte, leur exode vers la Terre Promise, la traversée de la Mer Rouge, Moïse recevant les tables des Dix Commandements.
La seconde partie se situe dans les années 1920. Elle relate l'histoire des deux frères qui ont une vue différente des Dix-Commandements.
A. Le prologue
La déclaration d'ouverture explique que la société moderne s'est moquée de la morale judéo-chrétienne jusqu'à ce qu'elle soit témoin des horreurs de la (première) guerre mondiale ; il implore ensuite le spectateur de revenir aux Dix Commandements, les décrivant comme «les principes fondamentaux sans lesquels l'humanité ne peut pas vivre ensemble. Ce ne sont pas des lois, ce sont la LOI. À partir de là, le Livre de l'Exode est raconté, en commençant juste après la neuvième plaie.
B. La première partie
Elle raconte l'histoire de l'exode des Juifs et de la révélation des dix Commandements à Moïse sur le mont Sinaï.
Elle reprend littéralement la Bible via des intertitres citant certains versets de la King James Version.
Après leur fuite d'Égypte et la traversée de la mer Rouge, Moïse gravit le mont Sinaï, où il est témoin des dix commandements donnés comme écrits dans le ciel, et qu'il sculpte ensuite manuellement en tablettes de pierre. À son retour, il constate que les Israélites sont tombés dans la débauche et ont construit un veau d'or. Il brise les commandements, jugeant les Israélites indignes. Un homme et une femme israélite découvrent, à la grande horreur des deux, que la femme a des plaies hideuses couvrant ses mains, ce qui la pousse à supplier Moïse d’intervenir. Moïse fait appel à la puissance de Dieu et le veau d’or est détruit par la foudre.
Cette première partie du film, est inoubliable et spectaculaire et les morceaux de bravoure ne manquent pas, notamment la façon dont Moise sépare la mer en deux. Avec ses gigantesques décors et ses nombreux figurants, la reconstitution est magistrale et le tout est superbement maîtrisée par DeMille. Malheureusement cette première partie ressemble à une succession de magnifiques scènes. A cause de la richesse du récit DeMille n'a pas le temps (en 45 mn ! ) de tout bien retranscrire et finalement les personnages et les événements sont peu marquants et peu développés. L’acteur qui joue Moise, a une certaine tendance au sur-jeu..
C. La seconde partie
Deux frères, John et Dan McTavish, vivent avec leur mère Martha, qui leur lit la Bible et croit en l'inerrance biblique. Les deux frères prennent des décisions opposées ; John suit l'enseignement de sa mère sur les dix commandements et devient un charpentier vivant de maigres revenus, et Dan, maintenant un athée déclaré, est convaincu que les commandements ne lui offrent jamais rien, jure de briser chacun d'eux.
Martha chasse Dan de sa maison. Lui et John s'arrêtent pour manger un morceau. Là, Mary, une jeune femme pauvre mais belle, vole une bouchée du sandwich de Dan et déclenche une folle poursuite. Elle se réfugie dans la maison McTavish, où John convainc sa mère d'héberger Mary pour la nuit. John convainc également Dan de mettre de côté son grief et de rester; il présente également Dan à Mary. Dan conquiert rapidement Mary avec ses manières libres. Le strict respect du jour de repos par Martha provoque des frictions lorsque Dan et Mary commencent à danser un dimanche et, bien que John essaie de convaincre sa mère de faire preuve de miséricorde, Dan et Mary décident qu'il est temps de s'enfuir ensemble.
Trois ans plus tard, Dan est devenu un entrepreneur corrompu. Il obtient un contrat pour construire une grande cathédrale et décide de réduire la quantité de ciment dans le béton, empochant l'argent économisé et devenant très riche. Il confie à John, toujours célibataire, la responsabilité de la construction, espérant l'utiliser comme intermédiaire pour fournir à leur mère les cadeaux qu'elle refuse d'accepter de la part de Dan. Dan trompe Mary avec Sally. Un jour, Martha vient rendre visite à John sur son chantier ; un mur s'effondre sur elle. Mortellement blessée, elle dit à Dan qu'elle a passé trop de temps à essayer de lui apprendre à craindre Dieu et pas assez de temps sur l'amour de Dieu.
Maintenant en manque d'argent, Dan apprend qu'un journal a menacé de révéler son opération frauduleuse. Son partenaire commercial recommande un pot-de-vin de 25 000 $ pour arrêter la publication, mais faute de fonds, Dan tente à la place de se suicider - son partenaire arrête la tentative, uniquement parce qu'il refuse de rester le seul responsable et demande de l'argent. Il se rend au bordel de Sally pour reprendre un ensemble de perles chères qu'il lui a données, mais Sally refuse et se révèle infectée par la lèpre, infectant ainsi probablement Dan. Enragé, il tue Sally et tente de fuir vers le Mexique sur un bateau à moteur (le "Defiance"), mais le mauvais temps le fait dévier de sa route et il s'écrase sur une île rocheuse. Son cadavre est retrouvé parmi les décombres. Mary, craignant d'être également infectée, s'arrête au bureau de John pour lui dire au revoir, mais John insiste pour l'accueillir. Alors qu'il lit à Mary, l'histoire du Nouveau Testament où Jésus guérit les lépreux (scène reconstituée à l'écran, avec Jésus montré uniquement de dos) , une lumière montre que les mains de Marie et ses cicatrices qui ont disparu à la lumière - une métaphore du salut du Christ.
Tout au long du film, le motif visuel des tables des commandements apparaît dans les décors, avec un commandement particulier apparaissant dessus lorsqu'il est pertinent pour l'histoire.
2. Les Dix-Commandements de 1956
Son ultime film, est une réadaptation de sa propre œuvre de 1923.
Des moyens colossaux furent déployés : plus de trois ans d'écriture, 15 000 animaux, près de 20 000 figurants, sept mois de tournage.
Déjà âgé, le réalisateur fut victime un samedi d'une crise cardiaque, mais revint le surlendemain après le repos du dimanche, ne manquant ainsi aucun jour de tournage, pour terminer son travail. Le film, qui fut présenté à New York le 9 novembre 1956, fut un triomphe mondial et plusieurs scènes appartiennent aujourd'hui à la légende de cinéma.
Deux citations tirées du livre de Hervé Dumont (L’antiquité au cinéma, Nouveau Monde Editions, 2009, p 50) :
- « Profondément croyant croyant, le patriarche DeMille, 78 ans, livre une vision fondamentaliste, binaire et ultra-littéraliste de la Bible, véritable démonstration du pouvoir de la foi, tout en ressuscitant un chapitre épique qui évoque aux Etats-Unis la conquête de leur propre « Terre promise ». Dans le prologue où il s’adresse au public, le réalisateur affirme qu’il a voulu filmer « L’histoire de la naissance de la liberté », une liberté respectueuse des lois divines et non soumise aux caprices d’un dictateur. Ce dernier ne pouvant être que l’Antéchrist communiste, car l’adoration de faux-dieux mène à l’oppression (le massage idéologique fait bien sûr abstraction du traitement des Afro-américains durant l’ère Eisenhower) »
- « Le film le plus célèbre, en quelque sorte le testament de DeMille qui renonce personnellement à ses bénéfices en faveur d’œuvres de charité.»
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