16 octobre 1555. Hugh Latimer (v 1491-1555)
Bien que né d'une famille de fermiers à Thurcaston dans le Leicestershire, à quelques kilomètres seulement de Lutterworth, où Wyclif termina son ministère de pré-réformateur... Latimer commença par s’opposer aux idées luthériennes qui se répandaient à son époque, mais la rencontre avec le clerc Thomas Bilney modifia profondément son point de vue.
Il fut nommé chapelain du roi d’Angleterre, Henri VIII, mais il n’en continua pas moins à prêcher avec sa courageuse franchise habituelle. Le sermon qu’il prononça un certain jour de l’an mécontenta le roi ; celui-ci ordonna au prédicateur de parler, le dimanche suivant, de manière à effacer l'impression fâcheuse produite par sa parole sévère.
Ce jour amena dans l'église une foule attentive. Latimer commença en ces termes :
« Hugh Latimer, sais-tu bien devant qui tu vas prêcher aujourd'hui ? Devant le haut et puissant monarque qui a le pouvoir de te faire mourir. Tiens-toi donc sur tes gardes. Toutefois ne perds pas de vue que tu es ici le messager du Tout-Puissant. Veille donc à remplir ton mandat fidèlement. »
Ensuite il répéta le sermon du dimanche précèdent.
Après le service, le roi fit venir son chapelain.
- Comment as-tu osé parler comme tu l'as fait ce matin ?
- Sire, j'ai fait ce que je devais vis-à-vis de mon Dieu et de mon roi. Ma conscience ne me reproche rien.
Henri VIII se leva et lui prit la main, en disant « Béni soit Dieu de m’avoir donné un serviteur aussi fidèle ».
Mais il était difficile de contenter un souverain aussi changeant qu’Henri VIII. Aussi fut-il emprisonné à la Tour de Londres pour son opposition aux « Six articles » d’Henri VIII, destinés à enrayer la progression du protestantisme.
Sous le règne du fils d'Henri VIII, Édouard VI, il revient en grâce tandis que l'église d'Angleterre s'engageait dans la réforme protestante.
Latimer profita de l’élan donné par la nouvelle foi pour se lancer dans ce qu'il faut bien appeler une campagne de réformes sociales. Latimer a été très critique envers les riches qu’il accusait d’exploiter les pauvres. Il a également critiqué l’absentéisme d’un certain clergé qui, selon lui, laissait tomber leur troupeau.
Il avait une prédication imagée qui ne s’oubliait pas aisément et qui cherchait à changer ses auditeurs, dont voici un exemple :
Quelqu’un invita un ami à partager le petit-déjeuner :
-tu seras le bienvenu, mais sache qu’il n’y aura qu’un plat et c’est tout.
-ce sera quoi, ce plat unique ?
-du pudding et rien d’autre.
-tu ne pouvais pas me faire plus plaisir ! Je te suivrai tout au tour de la ville pour un pudding !
Voilà ce qu’est la corruption : les magistrats et les juges courent après les pots de vins plus vite que cet ami après le pudding !
Mais lorsque la très catholique Marie Tudor succéda à son frère Édouard, il est arrêté et jugé en raison des convictions qu'il avait défendues puis jeté en prison. Le 16 octobre 1555, il est brûlé vif en compagnie de Nicholas Ridley.
John Foxe rapporte qu'il aurait dit à celui-ci :
Be of good comfort, Master Ridley, and play the man; we shall this day light such a candle, by God's grace, in England, as I trust shall never be put out
Soyez confiant, maître Ridley, et comportez vous en homme. Nous allons aujourd'hui par la grâce de Dieu allumer une telle lumière en Angleterre que personne ne pourra l'éteindre.
Plaise à Dieu qu’il en soit ainsi !