29 août 1888. Paul Vandenberghe

publié le 29 August 2023 à 02h01 par José LONCKE


Né à Wormhout
Paul (Julien, Paul, Martin) VANDENBERGHE (1888-1985) est né le 29 août 1888 à Wormhout (59).

29 août 1888. Paul Vandenberghe

Il est décédé le 28 avril 1985 à Bailleul (59), à l’âge de 96 ans. Il est le cousin de mon arrière-grand-mère, Eudoxie Vandenberghe (1869-1953). 

Il est ordonné prêtre le 5 juillet 1914 par Jean-Arthur Chollet (1862-1952), archevêque de Cambrai (1913-1952).
Il fut ensuite aussitôt mobilisé, engagé volontaire en 1915, il servit dans les chasseurs à pieds. Il participa à toute la guerre 14-18.

Il fut ensuite professeur au Collège Sainte-Jeanne-d’Arc de Lille. Puis vicaire à l’église Saint-Martin de Croix, puis à  l’église du Sacré-Cœur de Coudekerque-Branche. 

A partir de 1933, il fut curé d’Esquerchin dans le douaisis. La population d'Esquerchin était avant tout rurale, bien que l'industrie des mines et des forges s'y soit installée, les jardiniers de l'époque fournissaient le marché de Douai et les "Halles de Paris" en Carottes d'Esquerchin. Dynamique et actif , l’abbé Vandenberghe fait électrifier en 1934 la cloche. En 1935 ou 1936 il fait monter l'Angélus automatique. Cette installation, réparée et modifiée par la suite, tiendra près de 40 ans. Curé d’Esquerchin de 1933 à 1944 puis de 1945 à 1947.

Déporté

L’interruption est due à la déportation. En effet ancien combattant 39-40, il retrouva sa cure mais participa de façon intense à la Résistance au sein du réseau Centurie (renseignement) avec le grade de sous-lieutenant.  IL fut membre de ce réseau Centurie depuis février 1943. Il fut arrêté par la gestapo le 28 février 1944. Il avait été dénoncé à l’occupant.

Il est condamné par le tribunal OFK 670 de Lille, le 14 juin 1944, à quatre ans de réclusion pour des motifs de résistance, d’aide apportée à des alliés et la possession de tracts et d’exemplaires du journal Voix du Nord, alors clandestin

Incarcéré dans la prison de Cuincy (près de Douai) puis dans celle de Loos, il fut alors envoyé en Allemagne en déportation au camp de Landsberg (Lansberg-am-Lech en Bavière au sud-ouest de la Bavière, à 65 km à l'ouest de Munich) où "il travailla de longs mois dans une mine".  « Par sa foi, son courage il y a soutint le moral de ses compagnons d’infortune ».

Installations souterraines de Kaufering et Mühlendord à Lansberg (annexes de Dachau)

Lorsque la production d’avions fut menacée par les bombardements alliés les nazis décidèrent de déplacer la fabrication des armes, des avions et des bombes importantes vers d’immenses installations souterraines. Deux grands complexes furent construits comme annexes du camp de Dachau : Kaufering et Mühldorf. Dans le cadre du programme „Jäger-Programm“ devaient y être construits des avions de chasse. Dans les annexes de Kaufering et de Mühldorf à Landsberg am Lech travaillaient plus de 30.000 détenus dans des conditions fatales. Les camps étaient rudimentaires et les détenus étaient exposés aux éléments sans aucune protection. 

A noter que près de là, se trouvait le "Pénitencier de Lansberg"
Dans la ville même de  Landsberg, ce camp de concentration nazi compta jusqu’à plus de 5000 prisonniers, essentiellement des juifs, des politiques, des artistes, architectes, scientifiques. Le camp a été libéré le 28 avril 1945 par la 101e Aéroporté (506e PIR « easy company», la 10ème division (Tiger) et la 4e Division de l’armée des États-Unis d’Amérique, sans la moindre résistance, les gardes SS ayant déserté les lieux quelques heures avant l’arrivée des troupes américaines. Sous les ordres du général Taylor, les forces américaines utilisèrent les nouveaux média pour enregistrer les atrocités et ont ordonné aux habitants des environs de venir voir et enterrer de leurs propres mains les cadavres de centaines de prisonniers.

Une mise en scène de la découverte du camp a été présentée dans l’épisode 9, Why we fight, de la mini-série Frères d'armes, produite par Steven Spielberg et Tom Hanks en 2001.

Johnny Cash chanteur américain et chrétien évangélique, resta trois ans sur la base aérienne de la ville, pendant lesquels il écoute les communications des Soviétiques, achète sa première guitare et forme son premier groupe de musique. Il est démobilisé le 3 juillet 1954, avec le grade de sergent, et retourne vivre au Texas. 

Rapatrié
Rapatrié le 18 mai 1945, Paul Vandenberghe revint dans sa paroisse le 22 mai. Il n’accusait plus que le poids de 40 kilo et 8 de tension. Il n’avait plus rien des atouts pour vivre longtemps ! Et pourtant il va encore vivre jusqu’à l’âge canonique de 96 ans !

A partir de 1947, il fut pendant 14 ans curé à Faumont, puis remplit pendant plusieurs années les fonctions de prêtre auxiliaire à Boeschèpe. Il fut ensuite pendant 18 ans aumônier de l’Hôpital-Hospice de Bailleul.

Mentionné dans un Mémoire de master (2018)

Extrait (p 85) du « Mémoire de Master 2 Histoire La déportation des ecclésiastiques et séminaristes catholiques exerçant leur apostolat en France durant la Seconde Guerre mondiale Par Clémence MOALLI Sous la direction de Gaël EISMANN, maître de conférences à l’Université de Caen Avec le soutien financier du Mémorial de Caen 2017-2018 ».

« Paul Vandenberghe, du Nord, membre du réseau Centurie depuis février 1943. Il est arrêté le 28 février 1944 et condamné par le tribunal OFK 670 de Lille, le 14 juin 1944, à quatre ans de réclusion pour des motifs de résistance, d’aide apportée à des alliés et la possession de tracts et d’exemplaires du journal Voix du Nord, alors clandestin (276).

Il fait ainsi partie des « 1 700 personnes déportées du Nord-Pas-de-Calais vers la Belgique et le Reich en application d’une condamnation prononcée par un tribunal militaire allemand, soit 32 % des déportés de répression de la région » (277)» .

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276 Dossier statut : AC 21 P 686 146, DAVCC, Caen.

277 GARNIER Bernard, LELEU Jean-Luc, QUELLIEN Jean, La répression en France 1940-1945, Actes du colloque international du 8, 9 et 10 décembre 2005, Mémorial de Caen, Caen, CRHQ, 2007, p. 140.

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Son neveu, Jean Vandenberghe, fils de son frère Emile Vandenberghe (1886-1945), tailleur à Wormhout, sera prêtre lui aussi; On l'appelait familièrement "Jean l'Abbé". Ordonné, à Lille, le 29 juin 1946 par le Cardinal Liénart en la Basilique Notre-Dame de la Treille. A Hazebrouck, Le Rocher avait, dans les années 50 une chapelle construite sous l'impulsion de l'abbé Jean Vandenberghe.

Chapelle Saint Joseph du Rocher à Hazebrouck

Un ouvrage est paru en 2019 : « Le Rocher, un quartier à redécouvrir" (Le C.A.R.C. (2019). Nous y lisons des informations intéressantes concernant l'édification de la chapelle.

« Du contact de l’abbé Vandenberghe et des habitants naquit l’idée d’une chapelle. Pour la construire, un poulailler a été acheté. Elle fut édifiée et financée par les habitants... » (p 17)

Le 21 mars 1954, récital de Jean Lumière

Le journal « La Voix du Nord » du 20 mars 1954 titrait : C’est pour cette petite Église que Jean lumière chantera Dimanche ».

"Nous l’avons dit, Jean Lumière sera dans nos murs dimanche soir. Le créateur de la « Petite Église » chantera pour qu’on puisse terminer l’humble sanctuaire du Rocher. A vrai dire la chapelle Saint-Joseph est assez différente de celle de la chanson. Son clocher ne se mire pas « dans les eaux profondes d’une rivière. Le lierre n’enserre pas le crucifix… et Mr l’abbé Vandenberghe n’a rien du vieux curé trop attendri et trop attendrissant que l’on a chanté longtemps. Tout au contraire, son clocher n’est qu’un clocheton. Sans prétention et presque timide. Le confessionnal est de bois blanc et une estrade sert de chaire de vérité. Mais les Hazebrouckois aiment leur sanctuaire. On y prie avec ferveur. Avec plus de ferveur sans doute que dans les vastes cathédrales souvent troublées par la curiosité des touristes. Ses paroissiens lui témoignent un attachement peu commun. C’est leur église. Ils l’ont construite eux-mêmes. Chassés par les bombardements, leurs maisons détruites, de nombreux Hazebrouckois vinrent de 40 à 44 se réfugier dans la quartier du Rocher. En quelques mois une véritable cité de maisons provisoires sortit de terre. Les quelques 2000 personnes (toutes ne sont pas de la ville) qui habitaient encore ce quartier et vivaient pendant de longues années isolées de la communauté paroissiale. Le clergé décida de construire une chapelle au Rocher. Le projet n’était certes pas de tout repos. Il n’y avait pas de terrain et l’argent manquait. On lança une souscription publique ; Les fidèles donnaient selon leur moyens et permirent par leur générosité les premières démarches. En mai 1951, l’abbé Vandenberghe put trouver un terrain à bon compte. Restait à construire ou à restaurer un de ces bâtiments provisoires qui avaient abrité les sinistrés. De la crèche à l’Église Aidé de quelques entrepreneurs désintéressés le prêtre commença ses recherches. A Castres un vaste baraquement délabré servait d’étable et d’écurie. Cette « crèche » allait devenir une église. Démontée pièce par pièce, le baraquement fut transporté (gratuitement) à Hazebrouck et reconstruit. Les futurs « paroissiens » de l’abbé Vandenberghe retroussèrent leurs manches et se retrouvèrent sur le chantier avec les gars du patronage ou de Action Chrétienne. Quelques techniciens surveillèrent l’implantation. Les maçons de bonne volonté offrirent plusieurs journéées de leur travail pour édifier les murs. La charpente fut montée dans les m^mes conditions. Et la nuit de Noël la première messe fut chantée. Il n’y avait pas encore de plafond Le saint sacrifice fut célébré sous les tuiles. Quelques heures avant l’office les carreaux n’étaient pas posés. En mai 1952, la chapelle fut définitivement ouverte au culte. Malgré toute la bonne volonté et le courage des paroissiens, la dépense est lourde à supporter. l’aménagement intérieur n’est pas terminé. Il fut peindre, embellir et compléter le mobilier religieux. Mr l’abbé Vandenberghe a des dettes. Il en aura encore après la séance récréative. Son numéro de compte chèque postal : Lille 17 38 96 est facile à retenir. D’ailleurs la générosité a bonne mémoire ». (p 47)

il dérangeait beaucoup la bourgeoisie d'Hazebrouck qui était par exemple très choquée de voir Jean l'Abbé faire du foot en short avec les jeunes dont il s'occupait. Bourgeoisie qui a fini par obtenir son départ. C'est ainsi qu'il est arrivé à Estaires-La Gorgue,

L'abbé Jean Vadenberghe  fut donc curé à Estaires-La Gorgue, puis à  Gyvelde (1969-1990).
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Commentaires

roger

29 August 2015, à 13:58

impressionnant !!

Bernadette

12 September 2019, à 21:50

Bonjour,
Je tombe par hasard sur ce site et cet article sur Paul Vandenberghe. Il était bien connu de mon père Lucien Vandenberghe qui l'admirait beaucoup.
Je suis une petite-fille d'Albin Vandenberghe, cousin germain de Paul Vandenberghe. Enfant, j'ai connu Tante Eudoxie. Mon père était tailleur, il avait appris son métier auprès d'Emile Vandenberghe. Il était resté proche de la famille d'Emile Vandenberghe, et j'ai donc très bien connu Jean Vandenberghe que l'on appelait familièrement Jean l'Abbé. Je suis d'ailleurs allée le voir à Estaires, puis à Ghyvelde. J'en ai un excellent souvenir.
Merci pour cette histoire de Paul Vandenberghe dont je ne connaissais que quelques fragments. Je n'ai de lui que des articles de journaux annonçant son décès.
Enchantée aussi de trouver ici un cousin !
Bien amicalement.
Bernadette Vandenberghe

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