11 octobre 1885, naissance de l'écrivain François Mauriac (1885-1970).
François Mauriac, élevé dans un milieu catholique conservateur, gardera intacte toute sa vie la foi qui lui fut inculquée par sa mère et par ses maîtres. Mais sans doute influencé par son frère, l'abbé Jean Mauriac et par le catholique progressiste Marc Sangnier, il ne tardera pas à s'éloigner du conservatisme familial. La foi dans l'oeuvre de François Mauriac est partout présente. Pour le chrétien Mauriac, l'oeuvre littéraire devient un dialogue permanent entre la Grâce et le péché.
Voici quelques citations :
"Chaque mère chrétienne ressuscite sainte Monique. Dans l'infiniment petit, c'est toujours un fils et sa mère, à une fenêtre ou au bord d'une terrasse, et sur l'humble Malagar, c'est le même ciel qui resplendissait sur l'Ostie. Elle ne pouvait pas mourir que je ne fusse entre les mains de Dieu. Au retour de la messe, dans la salle à manger, sa joie de nous servir encore, sa pauvre main déformée qui inclinait la cafetière." (1)
"Elle ne se dérobait pas lorsque je faisais allusion aux événements passés ; mais je compris qu'elle était détachée même de ses fautes, et qu'elle abandonnait le tout à la Miséricorde. Au soir de sa vie, Brigitte Pian avait découvert enfin qu'il ne faut pas être semblable à un serviteur orgueilleux, soucieux d'éblouir le maître en lui payant son dû jusqu'à la dernière obole, et que Notre Père n'attend pas de nous les comptables minutieux de nos propres mérites. Elle savait maintenant que ce n'est pas de mériter qui importe mais d'aimer." (2)
"(...) Ce que je crois ne se confond pas avec ce que je sais : voilà une première équivoque dont il faut venir à bout. Que de fois des gens auront feint de m'envier : "Que vous êtes heureux de vous croire immortel !" Comme si la Foi se ramenait à la possession d'une certitude fondée sur l'évidence. Mais la foi est une vertu - l'une des trois vertus appelées théologales, et la première nommée. Qui dit vertu, dit aussi usage de la volonté, et usage méritant, usage difficile." (3)
"Etre seul, le soir, dans une maison de campagne, s'arrêter d'écrire, et dans cette absence de tout bruit, dans cette interruption de tout signe humain, se sentir tel un voyageur à la fin des terres, à l'extrême pointe du monde visible. Alors la prière du soir monte de nous comme une fumée, sans que nos lèvres remuent." (1)
"L'avouerai-je ? Si je n'avais pas connu le Christ, "Dieu" eût été pour moi un mot vide de sens (...). Il a fallu que Dieu s'engouffrât dans l'humanité, et qu'à un moment précis de l'histoire, sur un point déterminé du globe, un être humain fait de chair et de sang, ait prononcé certaines paroles, accompli certains gestes, pour que je me mette à genoux." (4)
Source:
1, : Souffrances et bonheur du chrétien, Grasset, 1931.
2, : La Pharisienne, Grasset, 1941.
3, : Ce que je crois, Grasset, 1962.
4, : Vie de Jésus, Flamarion, 1936.