En accord avec le roi Charles IX, l’Amiral de Coligny décida d’envoyer un contingent d’hommes Outre-Atlantique pour faire pièce à Philippe II d’Espagne, mais peut-être aussi, dans le contexte des guerres de religion en France, pour essayer de trouver en Amérique un territoire plus tolérant pour les convertis à la religion réformée. Coligny confia donc l’expédition au huguenot dieppois Jean Ribault, accompagné d’un gentilhomme, également protestant, René de Laudonnière.
C’est ainsi qu’en février 1562, leur petite flotte quitta Le Havre de Grâce et atteignit son but fin avril. Longeant la côte, les vaisseaux explorèrent le rivage et arrivèrent à une rivière dans laquelle ils pénétrèrent le 1er mai 1562 et qu’ils baptisèrent Rivière de May. Sur ses rives, ils rencontrèrent les premiers autochtones, des Indiens Timucuas. Les Français furent éblouis par la richesse de la végétation et du gibier, la douceur du climat et par l’accueil affable et généreux des Indiens. Jean Ribault prit symboliquement possession de la contrée en élevant une colonne de pierre gravée aux armes royales.
Découvrant l’embouchure de plusieurs rivières, ils les nommèrent successivement Seine, Somme, Loire, Charente, Garonne, etc., puis Ribault dressa une seconde colonne à l’entrée d’une rivière qu’il nomma Libourne. Sur une île, il décida d’élever un fort, nommé Charlesfort en hommage au roi Charles IX, où il laissa une trentaine d’hommes avant de reprendre la mer, promettant de revenir sans tarder avec des hommes, du matériel et des vivres.
Malheureusement, l’arrivée de Jean Ribault coïncidait avec la reprise des violences religieuses initiées par le massacre des protestants à la grange de Wassy, le contraignant à se réfugier en Angleterre sans avoir revu Coligny.
Après la paix d’Amboise, Coligny convainquit Charles IX de renvoyer en 1564 trois vaisseaux commandés par René de Laudonnière. Il était accompagné du peintre dieppois protestant Jacques Le Moyne de Morgues dont les dessins servirent de modèles aux 42 planches illustrant les Voyages de découverte en Amérique publiés en 1591. Ce reportage d’une grande fidélité ethnographique pour l’époque, fait partie des tout premiers témoignages sur les tribus de Floride.
Charlesfort ayant été entre-temps déserté par les soldats français et détruit par les Espagnols, Laudonnière fonda Fort-Caroline.
Au cours de l’année qui suivit, il Intervint dans les querelles internes des Indiens avec peu de sens de ses intérêts, subit des mutineries dans sa garnison et dut en outre affronter une grande disette. En août 1565, Jean Ribault vint néanmoins le conforter avec de nouveaux colons alors qu’il allait abandonner le terrain.
Mais les Espagnols qui ne voulaient pas voir les Français s’implanter dans le détroit des Bahamas, lancèrent une expédition et massacrèrent la quasi-totalité de la colonie en septembre 1565.
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Source :
Jean de Léry, le premier etnologue, Frank Lestringant
Presses universitaires de Rennes, collection Epures.
Ce livre retrace le parcours de Jean de Léry (1536-1613), un cordonnier devenu pasteur et qui va traverser les persécutions, dans le souvenir ébloui du Brésil visité en 1557, où il a vécu auprès des Indiens Tupinamba. De cette expérience il va tirer finalement le premier manuel d’anthopologie, « l'Histoire d'un voyage faict en la terre du Bresil » (1578), un livre d’une grand esensibilité où après l’incompréhesion, l'observateur l’emporte, et se fait même complice. Ce parcours anthropologique s'ouvre et se clôt par Claude Lévi-Strauss, grand admirateur de ce « bréviaire de l'ethnologue. », un livre qui à ses yeux est aussi « un extraordinaire roman d’aventures ».
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Gilles Fonteneau, Sur les traces des Huguenots de Floride, expéditions en Charenta 1562-2007, Ed. Le Croît Vif, 2008.