Jean Calvin, Institution chrétienne , III, xxv (extraits) (1)
De la résurrection finale
Jésus-Christ, comme soleil de justice, après avoir vaincu la mort, a mis en lumière la vie et l’incorruptibilité par l’évangile, comme l’indique l’apôtre Paul (2 Timothée 1,10). C’est pourquoi il est dit qu’on « passe de la mort à la vie » (Jean 5,24), que nous ne sommes plus « des étrangers ni des gens de passage, mais des concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu, qui nous fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Jésus-Christ » (Ephésiens 2,19, 6), de telle sorte que rien ne nous manque pour connaître le vrai bonheur.
Cependant, pour que nous ne soyons pas trop malheureux parce que nous avons toujours à lutter sur terre, parfois dans des conditions dures et pénibles, comme si nous ne voyions aucun fruit de la victoire que Christ nous a acquise, il faut nous rappeler ce qui est dit de la nature de l’espérance. « Nous espérons ce que nous ne voyons pas » encore (Romains 8,25) et, dans un autre texte, « la foi est la démonstration des choses qu’on ne voit pas » (Hébreux 11,1). Pendant que nous demeurons dans la prison de notre corps, « nous demeurons loin du Seigneur » (2 Corinthiens 5,6). C’est pourquoi Paul dit ailleurs que nous sommes morts et que notre vie est cachée avec le Christ en Dieu. « Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire » (Colossiens 3,3-4). Telle est notre condition : vivre « dans le siècle présent d’une manière sensée, juste et pieuse en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ » (Tite 2,12-13).
Nous avons besoin de beaucoup de patience afin de ne pas nous lasser, ni de nous fâcher et de renoncer ou de quitter la place qui nous a été assignée. C’est pourquoi tout ce que nous avons déjà expliqué au sujet de notre salut demande que nous élevions nos cœurs, afin d’aimer Christ que nous ne voyons pas et que, croyant en lui, nous soyons remplis d’une joie « indicible et glorieuse, en remportant pour prix de notre foi le salut de nos âmes » (1 Pierre 1,8-9). Voilà pourquoi Paul parle de la foi et de l’amour qu’ont les enfants de Dieu « à cause de l’espérance qui leur est réservée dans les cieux » (Colossiens 1,5). Lorsque nous avons les yeux fixés en haut et que rien ne les préoccupe ou les retient ici-bas, mais qu’ils se fixent fermement sur la joie promise, cette parole est vraiment réalisée en nous : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matthieu 6,21). [III, xxv, 1]
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