Un peu plus de quatre ans après la naissance des Attestants, où en est le mouvement ? Quelle est sa place dans l’EPUdF ? Sa naissance a permis de limiter du moins en partie le départ de pasteurs et de fidèles après le synode de 2015. Mais en vue de quoi ? Pour vivre quoi dans notre Église qui, pour une large part ne comprend pas ce que représente ce mouvement. Sur cette question je propose quelques réflexions à l'usage des Attestants dont je suis membre, élu au conseil d’administration comme à usage de l’EPUdF dont je suis un ministre.
Le synode de 2015 a sonné pour certains d’entre nous comme un coup de tonnerre. Une Église protestante peut prendre une décision synodale en s’appuyant sur la Bible pour lui faire dire le contraire de ce que celle-ci énonce clairement. Les Attestants sont nés d’une protestation devant une attitude qui relativise l’autorité des Écritures. Comme les Attestants se savent eux-mêmes capables de fausser le message de la Bible, ils sont restés dans leur Église, solidaire de sa misère, partageant ses fautes et son espérance. Comment a-t-on pu en arriver là ?
Église de confessants ou Église de multitude ?
Certaines parties des évangiles sont profondément structurées par des rencontres de Jésus avec le groupe des disciples, la foule et les adversaires. Les disciples n'y sont pas présentés sous un jour flatteur. Depuis les premiers temps, l’Église cherche à accompagner deux réalités : D’une part des membres qui désirent vivre dans toutes les dimensions de leur vie à la suite de Jésus comme des disciples, en mettant en pratique la foi reçue en une vie plus forte que la mort et une liberté plus réelle que toutes les entraves et déterminismes. D’autre part, des membres dont les motivations formulées vont être plus parcellaires : à partir d’un événement de leur vie ou une simple curiosité, des êtres se rapprochent de l’Église pour faire un bout de chemin.
L'Église catholique, traditionnellement avait développé ces deux approches confessante et multitudiniste séparées par une clôture nette avec d'une part les couvents et monastères, où la discipline ecclésiastique était exigeante et d'autre part les diocèses et leurs paroisses, avec une discipline plus souple pour la multitude. Il y avait l'idée que l'Église des religieux était plus proche du Seigneur que la multitude et que les moines et les religieuses étaient de meilleurs chrétiens que les fidèles des paroisses et des diocèses. À la fin du Moyen-Âge, l'Église de multitude était matériellement au service de l'Église des clercs.
L'apport original de la Réforme : l’église confessante dans l’église de multitude.
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