Avant….
Même si on ne me le disait pas clairement, je me suis rendue compte que l’on me demandait de faire de plus en plus rapidement les soins, les toilettes, de préparer plus vite telle injection et la faire à la va-vite. Hop ! hop ! hop ! Sans trop parler avec la personne, en lui donnant de moins en moins de temps pour l’écouter, de soleil en quelque sorte. C’était surtout vrai en gériatrie !
Vous l’avez compris : j’étais infirmière à l’époque, cantonnée à devoir me dépêcher, pleurer un bon coup (dans les toilettes) et repartir, témoin malheureux de la maltraitance et de familles qui culpabilisent de laisser leur parent ! Lorsque je prenais mon temps dans la chambre de certains résidents, une collègue me demandait « Mais tu étais où Béatrice ? » C’est avec un triste constat que je lui répondais que je faisais mon travail ! Oui, un triste constat car certaines personnes sont dans un tel « fonctionnement » que leur libre-arbitre est... je ne sais où ! Pour moi, c’est clair, on maltraite une personne quand on ne prend pas le temps nécessaire avec elle, y compris celui de continuer à la faire marcher. J’en étais arrivée à mettre ma blouse le matin (toujours vite, vite) en me disant : est-ce que cette journée va bien se finir ? Mais ça, c’était avant !
Maintenant…
Il y a deux ans, j’ai mis ma blouse d’infirmière au placard chez moi et je me suis dit : « J’ai des valeurs que Dieu approuve, et ces valeurs ne changeront pas ! »
J’ai pris une décision (en mars 2013, c’est gravé dans mon cœur), ces valeurs, elles plaisent à Dieu, pas aux hommes c’est vrai, alors je vais les garder mais je dois changer de statut. J’ai fait des ménages pour commencer car il fallait bien bosser ! Juillet, août... dur, dur, mais je gardais espoir. J’ai dit à Dieu : « Toi tu connais mes dix ans de vie professionnelle passée. Tu connais mon cœur, tu sais mes efforts, tu sais ce que j’ai à donner, alors ouvre des portes ! » Et il l’a fait.
En décembre 2013, j’ai signé mon premier CDI comme auxiliaire de vie (dame de compagnie). Dès le mois de janvier, j’ai démarré un deuxième contrat de 2 x 4 heures ! Après quoi, deux appels pour garder des enfants... J’ai dû finir par refuser car je n’avais plus assez de temps pour moi et pour les personnes dont je m’occupe.
Mais, au boulot, j’ai du temps ! Pour écouter la personne que je garde, jouer aux dames avec elle, faire des gâteaux, promener son chien, rire, parler, vivre ! Je veux aussi passer du temps à prier pour elles. Oui, le temps ce n’est pas de l’argent, le temps c’est faire chaque chose avec soin, avec amour ! Voilà ma vie aujourd’hui. Je remercie les personnes qui ont prié pour moi, qui ont compris ma sensibilité, qui ont compris qui je suis ! Merci à Dieu.