Le divorce de mes parents me frappe de plein fouet quand j’ai 3 ans ; je souffre de ne plus voir papa. J’ai 8 ans quand maman se remarie et c’est le rejet immédiat du beau-père. Un mal-être s’installe en moi et ne me quitte plus. À 18 ans je me marie pour fuir le milieu familial mais ça n’arrange rien.
Décès, détresses…
En cinq ans, je vis quatre deuils, notamment celui de mon père et de mes grands-parents paternels que j’adorais. J’ai 22 ans quand je me rends compte qu’après un apéro je me sens bien. C’est ainsi que le petit verre devient répétitif au point que j’en deviens vite accro. C’est le début de l’engrenage de l’alcool, « cette maladie progressive, incurable et mortelle ».
L’escalade devient telle que le vide se fait autour de moi. Mon mari part, les amis disparaissent peu à peu et je sombre de plus en plus. Je voudrais bien arrêter mais je ne peux pas tellement je suis sous l’emprise de cette pieuvre qui m’enlace et m’étreint dans ses tentacules, me contraignant à saisir un verre. C’est devenu un enfer.
Je suis dans une détresse épouvantable au point que je supplie le ciel de mourir. J’ai 36 ans.
Au secours !
Nous sommes en 1992. Au lendemain d’une soirée fort imbibée, je suis au plus mal. Dans mon désespoir total, j’implore le secours de Dieu et là, je me sens comme soulevée par Dieu. Mon obsession de l’alcool et du petit verre s’évanouit. J’ai conscience que Dieu intervient pour me délivrer. Depuis ce dimanche mémorable je n’ai plus touché une goutte d’alcool.
Ma rencontre avec les AA
C’est alors le début d’un cheminement qui me conduit d’abord vers les Alcooliques Anonymes (AA). J’y rencontre des compagnons soumis aux mêmes affres que ceux que j’ai connus. Dans une ambiance conviviale je découvre surtout le « Programme en 12 Étapes ».
S’exercer à mettre sa vie en ordre est difficile mais cela permet d’acquérir un modèle de vie entièrement nouveau. Ce travail sur soi n’est d’ailleurs jamais terminé. Un groupe d’entraide nous encourage à persévérer.
Une autre soif
Après la fameuse expérience de ce dimanche, j’ai eu soif de mieux connaître ce Dieu qui m’avait « soulevée ». Je l’ai cherché dans bien des endroits : églises diverses, carmels, congrès… jusqu’au jour où, en 2002, j’ai été conduite vers une Église évangélique dans laquelle j’ai reçu un accueil très chaleureux. J’y ai trouvé une autre forme de famille. J’y ai surtout découvert l’amour du Père. Désormais, je ne me sens plus orpheline.