C’était un jour comme un autre, nous étions en Afghanistan et j’étais sur un poste avancé auprès des hommes et des femmes qui servaient leur pays en acceptant de partir sur ces terres étrangères. Le soleil ne s’était pas encore levé, et des militaires partaient déjà en patrouille, alors que d’autres restaient sur le camp et débutaient leur séance de sport. Chacun était concentré sur sa mission.
Mais très vite, cette journée s’est révélée être une journée que personne ne pourrait oublier. Ma raison d’être aumônier aux armées prenait désormais un sens nouveau.
Le convoi était à peine parti, que déjà quelques tirs se sont fait entendre. À la radio, on entendait le message « contact, contact ». Les troupes étaient sous le feu des tirs ennemis, elles devaient riposter. Aux quelques premiers tirs répondaient d’autres tirs, et le bruit des armes s’intensifiait dans un crescendo sans fin.
Comme un déluge de fer et d’acier, une pluie de feu et de tirs déferlait sur nous. Les tirs en rafales résonnaient dans les montagnes.
Au bruit s’ajoutaient maintenant les odeurs âcres de poudre.
Puis les avions de chasse vinrent survoler la zone ; le bruit était encore plus fort et sourd, et le choc d’une bombe fit trembler le sol pendant de longues minutes. Un fracas immense résonnait tout autour de nous.
À la radio, une voix se fit entendre :« delta, Charlie, delta », DCD. On savait qu’il y avait maintenant un mort dans nos rangs. Mais le combat continuait et l’adversaire ne renonçait pas.
Dans cette chaleur étouffante, cette annonce nous glaça le sang.
Lorsque le combat fut terminé, et que le convoi rentra au camp, je décidais d’organiser un temps de recueillement et de prières.
La chapelle était petite et je m’attendais à n’avoir qu’une poignée de présents.
Mais très vite, la chapelle fut comble. On décida alors de replier les chaises, pour que les présents puissent tous tenir debout dans la chapelle. Mais c’était encore insuffisant. Il y avait autant de monde dans la chapelle qu’à l’extérieur.
Nous avions tous besoin d’entendre une parole qui vienne apaiser nos cœurs.
Ce jour-là, le psaume 23 semblait s’adresser à chacun : « Quand je traverse la vallée de l’ombre de la mort ». Nous connaissions tous cette vallée, on y était, et un camarade venait d’y laisser sa vie. Oui la vallée de la mort avait un visage, nous étions dans cette vallée et nous l’avions traversée.
« Ton bâton et ta houlette me rassurent », ces paroles étaient pour nous, oui nous avions tous besoin d’entendre que Dieu veillait sur nous et venait nous rassurer. Nous avons confié notre camarade entre les mains du Père céleste et nous avons porté sa famille dans la prière.
Nous avons prié pour que Dieu renouvelle nos forces et notre courage.
Ce jour-là, la Parole de Dieu est venue apaiser et consoler nos cœurs, et ce psaume est devenu notre psaume, comme une évidence. Il nous parlait, nous rassurait nous remettait en marche avec confiance.