Anne-Claire Chapuis est psychologue. Elle constate : « Notre société est devenue si dure et insensible aux besoins humains que certaines personnes ont perdu tout attrait pour la vie. » Le manque de considération peut ainsi conduire à vouloir le suicide assisté. Dernièrement, elle a recueilli le témoignage d’Ambre
*, une de ses patientes, âgée d’une soixantaine d’années et, avec son accord, elle nous raconte.
Quand la famille s’éloigne
Sa vie durant, Ambre a donné amour et attention à ses deux enfants, Nathan et Fabienne.
Ambre ne travaille plus. Elle va garder les enfants de Nathan à Strasbourg, chaque fois qu’elle le peut. Ils sont en bas âge. Ambre n’a qu’une petite retraite, elle économise chaque sou pour pouvoir entreprendre les trajets et confectionner des repas pour son fils qui travaille beaucoup.
Sa fille Fabienne était une grande sportive, elle l’accompagnait toujours à ses compétitions de danse, elles étaient très complices. Mais depuis que Fabienne est tombée malade, et qu’elle est partie au Brésil, elle est devenue froide avec sa mère. Elle a peu de contacts verbaux, elle lui envoie une vidéo de ses deux filles de temps en temps, mais Ambre n’a plus de contacts avec celles-ci.
Quand la maladie fait peur
Ambre n’ose pas lui dire ce qu’elle a sur le cœur, de peur qu’elle ne coupe les ponts définitivement. Elle sait qu’elle ne le supporterait pas.
Depuis quelques mois, Ambre a une maladie invalidante. Ses enfants l’ont appris, mais contrairement à ce qu’elle espérait, ils lui donnent encore moins de nouvelles qu’avant. Son fils ne lui fait plus confiance pour garder les enfants seule chez elle, sa fille lui parle encore moins.
Le suicide assisté : un choix ?
Ambre comprend qu’elle représente un poids pour eux. Afin qu’ils n’assument pas sa vieillesse qui va vers la dépendance, Ambre souhaite économiser pour organiser son suicide assisté. Ils n’auront pas à supporter une mère grabataire…
L’exemple d’Ambre n’en est qu’un parmi tant d’autres où nos contemporains recherchent la mort parce qu’ils ne trouvent ni tendresse ni considération. La vie ne constitue pour eux qu’une succession de corvées à accomplir, de factures à payer et de reproches à encaisser… Ils se meurent de solitude, de froideur et de mépris.
Et si chacun de nous réfléchissait ?
Y a-t-il une « Ambre » autour de moi ? Une mère, un frère, une collègue, un ami, un voisin qui souffre dans son corps, son esprit ou son estime de lui-même ? Il ne s’agit pas, comme Ambre me le rappellera, de « faire sa B-A », une bonne action pour soulager sa conscience pendant cinq minutes, mais de véritable considération, l’amour qui se donne.
Ambre souhaite simplement une présence ou quelqu’un qui lui tienne la main… Quelques amies prennent de ses nouvelles dont une très chère qui lui envoie des SMS matin et soir : cela l’aide à tenir.
Dans la Bible, je lis cette parole de Jésus : « À ceci, tous verront que vous êtes mes disciples, à l’amour que vous aurez les uns pour les autres**. » Alors serez-vous prêts à mettre un peu plus de bonté dans ce monde ?