Lors d’une discussion, un ami me dit : « La protection de l’environnement est importante, mais je préfère m’engager pour l’humain, dans le social. » Autrement dit, notre temps et notre énergie sont limités, et mieux vaut s’engager pour les êtres humains que pour le « décor » dans lequel ils vivent.
L’homme n’est pas un extraterrestre
En réalité, l’être humain fait partie intégrante de cet univers dans lequel il évolue. Il ne transcende pas le monde à la manière d’un dieu. Sa vie même dépend de l’oxygène présent dans l’atmosphère, du cycle de l’eau de notre planète, de la fertilité de la terre dans laquelle il sème sa nourriture, de la capacité des écosystèmes à décomposer ses déchets, etc. Ainsi, lorsque l’être humain abîme l’environnement, c’est aussi lui-même qu’il abîme.
Soyons lucides
Malheureusement, ce sont bien souvent les plus pauvres qui sont les plus touchés par les changements climatiques. Comme l’écrit le Pape François dans Laudato Si : « L’épuisement des réserves de poissons nuit spécialement à ceux qui vivent de la pêche artisanale et n’ont pas les moyens de la remplacer ; la pollution de l’eau touche particulièrement les plus pauvres qui n’ont pas la possibilité d’acheter de l’eau en bouteille, et l’élévation du niveau de la mer affecte principalement les populations côtières appauvries qui n’ont pas où se déplacer » (I.V.48).
Ouvrons les yeux
De plus en plus de personnes sont obligées de se déplacer pour fuir les conséquences directes ou indirectes des changements climatiques. On les appelle les réfugiés climatiques, ou les écoréfugiés. Leur nombre est difficile à estimer parce que les changements climatiques créent, ici ou là, des guerres pour l’accès aux ressources. Certains réfugiés de guerre sont donc aussi, indirectement, des réfugiés climatiques.
On pourrait encore évoquer la question des générations futures : dans quel état laisserons-nous la Terre à nos enfants et petits-enfants ?
Une fausse alternative
Pour toutes ces raisons, l’alternative entre, s’engager pour la planète ou, s’engager pour les pauvres n’a pas tellement de sens. Notre engagement doit être en faveur d’une écologie sociale, c’est-à-dire fondé sur une perspective intégrale de la crise complexe à laquelle nous sommes confrontés depuis plusieurs décennies.
Le vrai choix
Le commandement « tu aimeras ton prochain comme toi-même » est donc un fondement majeur d’une éthique écologique. Cela est cohérent avec le statut que la Bible donne à l’être humain. Bien que créature et non créateur, celui-ci a reçu la responsabilité de la création. De ce fait, la désobéissance de l’homme envers Dieu engendre une crise écologique. Mais la contrepartie est aussi vraie : du salut de l’être humain en Jésus-Christ découle une restauration de la création.