Dans l’antiquité
Le prix à payer pour avoir été précurseurs
La foi du peuple juif en un seul Dieu était en opposition au polythéisme des dieux romains. Du coup, la seule existence du peuple juif était un témoignage contreculturel. Les Romains voyaient les Juifs comme un facteur déstabilisant dans la société (1). Cela plante le décor pour l'attaque répétée : « Le problème dans le monde, c'est les Juifs. »
Au début du deuxième siècle de notre ère, l'Empereur Vespasien avait créé le Fiscus Judaicus, une « taxe juive » qui obligeait ceux-ci à payer un tribut supplémentaire pour entretenir le temple de Jupiter. À cause de cette taxe, les Juifs qui soutenaient l’existence du Dieu unique étaient ainsi obligés de financer et de maintenir un rite païen !
Au lieu de dire merci aux Juifs
Quant à Tacite (2e siècle apr. J.-C.) il se plaignait de la « sensibilité » des Juifs parce qu'ils considéraient abominable le meurtre d'un seul enfant, quelle qu'en soit la raison (2) !
Plus personne n’oserait écrire une chose pareille aujourd’hui. Ceci étant, cela a donné une raison supplémentaire de discriminer les Juifs.
Et que dire de l’accusation de « paresseux » qu’on a portée sur eux dans l'Égypte ancienne. Dans cette société qui valorisait l'esclavage et l'exploitation des classes inférieures en faveur de l'économie égyptienne, les Juifs étaient une menace parce qu'ils insistaient pour pouvoir observer le sabbat (3).
Il a fallu attendre le 20e siècle pour que le principe d’un jour de repos par semaine soit reconnu comme une avancée sociale. Nous le devons aux Juifs.
Dans l’ère chrétienne
La « diffamation du sang »
On a prétendu au Moyen Âge que les Juifs prenaient le sang d'un enfant non-juif et le mélangeaient à la farine utilisée pour faire leurs pains pour célébrer leur Pâque. Cette invention, utilisée pour fomenter les persécutions, résonne aujourd'hui encore au Moyen-Orient. La Cathédrale de Lincoln en Grande-Bretagne contient encore aujourd’hui le lieu de repos du petit Saint John Hugh, victime présumée d'un tel traitement au 13e siècle.
Le peuple déicide
La tradition chrétienne a favorisé la persécution du peuple juif en l’accusant d’avoir tué Jésus.
Le réformateur Martin Luther n’a malheureusement pas échappé à ce piège. Alors que ses premiers écrits valorisaient le peuple juif et son destin, ses écrits plus tardifs ont été franchement antisémites. Ce faisant, il s’est écarté du fondement évangélique sur lequel il avait commencé.
Les chrétiens auraient-ils oublié cette parole de Jésus : « Le Père m'aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même. » ? (4)
La Bible dit que c’est pour porter les péchés du monde que Jésus a offert sa vie en sacrifice. Serait-il possible d’aimer Jésus sans aimer son peuple ?
Interview de Josué Turnil réalisé par la rédaction
Des questions légitimes. Des réponses pas toujours évidentes.
Comment définissez-vous l’antisémitisme ?
Dans la Bible, Shem était le nom d’un des trois fils de Noé, l’homme qui a sauvé l’humanité lors du déluge. C’est aussi un mot hébreu qui veut dire « nom ». La Bible utilise l’expression HaShem (le Nom) pour désigner Dieu lui-même. Pour moi, être antisémite, c’est donc à la fois être contre l’humanité et contre Dieu.
Comment en est-on arrivé là ?
Le peuple juif a été blâmé pour les maux de la terre à travers les siècles, alors que Jésus-Christ a dit : « Le salut vient des Juifs. » La grande tragédie de l’antisémitisme est qu’il ne cherche pas seulement la destruction des Juifs, mais aussi la sienne. Il est pour moi un crime contre l’humanité car il cherche à supprimer le peuple que Dieu avait prévu pour apporter le salut au monde entier.
Pouvons-nous éduquer les gens contre l’antisémitisme ?
Un homme a dit : « Les problèmes dans le monde sont tous causés par des Juifs et des cyclistes. » Son ami lui a demandé : « Pourquoi les cyclistes ? » L’homme a répondu : « Pourquoi les Juifs ? »
L’antisémitisme existe partout dans le monde, même là où il n’y a pas de Juifs. Les programmes éducatifs, les études universitaires et toute l’éducation sur l’Holocauste n’y font rien.
Pourquoi l’antisémitisme alors ?
Ceux qui l’étudient l’expliquent le plus souvent par le contexte historique ou par des facteurs sociologiques. En réalité, on n’aborde jamais la question de fond. Ou alors, on suggère que le peuple juif est responsable de ses problèmes.
Pour moi, l’antisémitisme dérive de forces spirituelles maléfiques qui transcendent la culture, la religion et la race. L’antisémitisme est la croyance que les Juifs sont la raison des malheurs du monde plutôt que la source de son salut.
Comment commence l’antisémitisme ?
Répondons d’abord au pourquoi de nos préjugés. Ne viennent-ils pas du fait que nous avons une image des gens sans les avoir rencontrés ?
Il arrive souvent que des personnes qui ont un très grand respect des Juifs éprouvent de la déception, des sentiments amers lorsqu’ils font la connaissance d’un Juif.
Que les Juifs soient drôles, avares, généreux, sages, rusés ou religieux sont des images bonnes ou mauvaises, mais en réalité, ce sont des caricatures raciales, donc préjudiciables.
Qui n’est pas coupable d’antisémitisme ?
Nous sommes tous affectés par des préjugés. Mais comme notre corps ne laisse normalement pas les cellules cancéreuses se développer, nous pouvons réagir de même vis-à-vis de l’antisémitisme.
Quel remède contre l’antisémitisme ?
La Bible nous enseigne que tous les êtres humains sont créés à l’image de Dieu et que nous devons l’aimer, lui, de tout notre être et notre prochain comme nous-mêmes. Nous sommes tous en deçà et nous péchons donc. Dieu a envoyé sa Parole au monde à travers le peuple d’Israël. Elle s’est incarnée en Jésus. Il a été tué, non dans un pogrom antisémite, mais en paiement de tous nos péchés, y compris ceux d’antisémitisme et de racisme. Dieu a accepté le sacrifice de Jésus en notre faveur. Il l’a ressuscité pour nous donner son salut, nous transformer et nous libérer de la haine qui divise.