« Je sais beaucoup de choses sur les persécutions qu'il ne me paraît pas prudent de raconter… Je suis convaincu que la persécution contre les chrétiens est aujourd'hui plus forte qu'aux premiers siècles de l'Église. Ce n'est pas de l'imagination : les chiffres sont là ». Ce n’est pas l'ONG protestante Portes Ouvertes qui contredira le pape François, elle qui s’est spécialisée dans l’aide aux chrétiens persécutés.
Une situation qui empire
Afrique, Asie, Amérique, Europe : la persécution contre les chrétiens s’intensifie encore et s’étend, même dans des pays à majorité chrétienne. On constate une nouvelle hausse des points de persécution attribués à chaque pays. En 2014 on totalisait 3019 points pour les 50 pays de l’Index Mondial de Persécution. En 2015, on atteint le nombre de 3170.
Portes Ouvertes définit cinq principaux domaines de persécution des chrétiens : la conscience (l’interdiction de croire), la famille (l’impossibilité de transmettre sa foi), sociale (l’exclusion du groupe), civile (discrimination dans l'administration), ou ecclésiastique (pas de lieu de culte ni d'officiant). Elle sévit à travers des violences matérielles, physiques ou mentales.
Côté catholique, Le livre noir de la condition des chrétiens dans le monde compte de150 à 200 millions de chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes) discriminés ou persécutés à travers la planète.
Une variété de situations
Les motifs de persécutions peuvent être assez différents.
En Corée du Nord, toute célébration religieuse qui n’aurait pas pour objet la dynastie des Kim est considérée comme une menace pour l’État. Déportations et exécutions sont le lot des chrétiens, mais aussi de bien des Nord-Coréens.
Au Proche-Orient, en Afrique subsaharienne, en Asie, les chrétiens sont la cible de groupes armés et d’organisations terroristes. Ils subissent aussi des pressions sociales et des répressions d’appareils d’État. Surveillance, intimidations, assassinats, « épuration religieuse » comme en Irak sur le territoire de l’État islamique. Le pire se produit en Somalie, au Soudan et en Erythrée depuis bien longtemps.
L’arrivée au pouvoir en Centrafrique, pays chrétien à 85% d’un autocrate musulman a suscité une violence extrême qui n’est pas aujourd’hui retombée.
En Inde, ce sont des hindouistes extrémistes qui persécutent les chrétiens, au Sri Lanka, des bouddhistes radicaux, au Mexique et en Colombie, les trafiquants de drogue ou bien les autorités locales corrompues censées les combattre.
Pourquoi tant de haine ?
Dans certaines situations, les chrétiens locaux payent parfois lourdement les politiques va-t-en-guerre des gouvernements occidentaux. Les chrétiens sont l’image de l’occident « chrétien » et une cible plus facile pour se venger que les avions qui les bombardent ! Plus généralement, l’occident est vu comme décadent et permissif dans bien des pays du monde. Or, comme beaucoup imaginent que l’occident est «chrétien», on comprend facilement le mauvais procès qui est fait aux chrétiens autochtones.
En Inde, au Sri Lanka, au Bhoutan… la foi chrétienne gêne car elle s’élève naturellement contre des systèmes sociaux traditionnels discriminatoires. Les castes par exemple.
Au Mexique et en Colombie, l'atitude sans concession des croyants à l’égard des narco-trafiquants peut leur coûter la vie.
Un silence inexplicable
Aucun gouvernement ne semble s'engager résolument dans la défense des chrétiens. Les médias ne parlent d’eux qu’à de trop rares occasions. Il leur arrive même de confondre victimes et agresseurs comme en Centrafrique lorsque des journalistes font impunément l’amalgame entre chrétiens et voyous !
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a parlé de crime contre l'humanité lorsqu’il a évoqué la situation des chrétiens en Irak. Cette définition pourrait être étendue à bien d’autres pays. Pourquoi donc si peu d’échos ?