Il faudra se souvenir en particulier de sa chanson «
La vérité ». Tous les jours, sans exception, des politiciens, des sportifs, des vedettes, des hommes d’affaires ou d’église viennent dire dans les médias des choses qui sont le contraire de ce qu’ils pensent, ou qui sont le contraire de ce qu’ils sont. On se souviendra de l’aphorisme insurpassable de Bernard Tapie : « J’ai menti de bonne foi. »
Sommes-nous vraiment dupes ?
Si vous souhaitez faire une campagne électorale pour ne pas être élu, il vous suffira de dire au moins un peu la vérité, et vous serez exaucé. Cela nous renvoie à nous-mêmes collectivement : si ceux qui disent la vérité ne recueillent pas nos suffrages, c’est donc que nous préférons les diseurs de bonne aventure ou les pseudo-prophètes.
Comme à l’époque biblique, ces gens que nous écoutons volontiers préfèrent annoncer de bonnes nouvelles quand celles-ci sont impossibles. Le constat du prophète Jérémie est sans appel : « Ils soignent à la légère la blessure de mon peuple : ‘Tout ira bien, tout ira bien !’, disent-ils, et rien ne va(1) ! » Rien ne sert d’accuser les menteurs quand nous les avons portés au pouvoir alors que nous savions pourtant qu’ils nous disaient ce que nous avions envie d’entendre.
Faire la vérité en soi-même
La vérité demande du courage. La philosophe Cynthia Fleury y a consacré un livre entier. Elle y célèbre « le courage, plus ordinaire, […] comme la volonté de mettre en accord ses principes et ses pratiques, dans sa vie personnelle(2). » Autrement dit, d’avoir des principes et de les appliquer.
Ceux qui sont chrétiens ont décidé de suivre quelqu’un qui a dit : « Je suis la vérité(3). » Il n’est pas sûr que Guy Béart ait bien perçu toute la portée de cette affirmation, mais il avait au moins repéré le verbe « dire » et ce que dire la vérité a coûté à Jésus-Christ.
Informations complémentaires
1. Jérémie 6.14.
2. Philosophie Magazine n°93, octobre 2015. Voir son livre, La fin du courage, Fayard, 2010.
3. Jean 14.6.