Tout le monde me connaît! On m’appelle Marie-Madeleine mais mon vrai nom, c’est Marie de Magdala. Un drôle de nom, j’en conviens! Mais comme nous étions plusieurs Marie, il a bien fallu nous distinguer. On m’a associé le nom de ma ville d’origine, la jolie ville de Magdala au bord du lac. On m’appelait aussi la Marie, celle qui traînait au coin des rues, celle qu’on montre du doigt. Vraiment, je ne peux pas leur donner tort, et pourtant! S’ils savaient! Mais, peut-être que vous, vous voulez savoir? Alors, je vais tout vous raconter.
Je n’ai pas eu une vie exemplaire, loin de là. De mon enfance, je n’ai guère de souvenir, mais très tôt les gens m’ont fui. J’avais un comportement bizarre, des démons disait-on. Moi, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’étais comme prise dans un filet. Dès qu’il me semblait voir une issue, ce filet se refermait sur moi. C’était comme une prison.
Libérée du passé
Un jour, dans les rues, j’ai entendu un homme parler de liberté. Il disait: «La vérité vous rendra libres». Cela n’avait guère de sens pour moi. La vérité toute crue pour moi, c’est que j’étais bel et bien emberlificotée dans une vie que je n’avais pas choisie et sur laquelle je n’avais pas de prise. Plus tard, j’ai appris que cet homme s’appelait Jésus. Puis, il s’est passé quelque chose d’étrange. Chez nous, les hommes ne s’adressent pas aux femmes. Et ce Jésus, un saint à ce qu’on disait, comment aurait-il pu me rencontrer moi qui ai, comme inscrit au fer rouge sur mon front, l’étiquette de «pécheresse». Et bien, il est venu me voir face à face. Il m’a regardée bien dans les yeux, alors que jusque-là les gens détournaient le regard quand ils m’apercevaient. Il m’a dit que j’étais délivrée des démons qui m’empêchaient de vivre. Je me suis sentie toute drôle, j’ai pu me redresser et le regarder lui aussi dans les yeux. Je n’avais plus honte, je ne me sentais plus toute sale. Je me suis sentie enfin libre.
Liberté surveillée
J’ai commencé à le suivre partout, il fallait que je comprenne ce qu’il disait. J’avais un peu d’argent, pas toujours gagné de très bonne façon, mais une bonne somme quand même. J’ai donc décidé de l’aider lui et ses disciples avec mon argent et en leur rendant parfois des services. Mais voilà! Ce qu’il annonçait n’était pas du goût de tout le monde. Les gens voyaient aussi d’un mauvais œil que des personnes comme moi le suivent; ils lui reprochaient d’avoir contact avec des «gens de mauvaise vie». En fait, ils n’avaient pas compris que ceux qui le suivaient, il les avait transformés. Je vous l’assure: depuis que nous nous étions mis à l’écouter et à le suivre, notre vie n’avait plus rien à voir avec celle d’avant! Étaient-ils donc aveugles pour ne pas voir la différence?
Bref, tout cela nous a conduits au pied d’une croix. Nos juges venaient de le condamner à mort. Tous mes espoirs se sont brisés ce jour-là. Qu’allais-je devenir si celui qui m’avait rendu un peu de dignité mourrait? Près de lui, je me sentais protégée. À ses côtés, j’avais une sorte de force pour avancer. Maintenant, comment vivre? J’ai vu mettre son corps dans le tombeau. Je suis restée là, assise un moment en face de la pierre qui le fermait, puis j’ai dû rentrer chez moi. De toute façon, la compagnie des soldats que nos chefs religieux avaient fait placer là près de sa tombe ne me souriait guère.
Libre pour l’avenir
Dans mon amour pour lui, je suis revenue après les jours fériés pour embaumer son corps. Et là, j’ai vécu une rencontre extraordinaire. J’en ai été si bouleversée que l’ordre exact des événements m’échappe un peu. Pourtant ce qui est sûr, c’est que je l’ai vu, lui Jésus, bel et bien vivant! réveillé de la mort! Il m’a appelée par mon nom, il m’a même chargée d’une mission: aller dire à ses disciples qu’il était vivant et qu’il voulait les retrouver en Galilée. Imaginez-vous qu’ils n’ont pas voulu me croire au début. Il a fallu qu’ils courent jusqu’au tombeau et le voient ouvert pour qu’ils accordent un peu de crédit à mes paroles. Moi j’étais très bouleversée, mais là, tout au fond de mon cœur, j’ai su que sa mort et sa vie nouvelle me libéraient. Oui, une deuxième fois, j’étais libre, libre de mon péché, libre de mes démons, libre de me souvenir de ses paroles, libre de vivre. J’ai eu comme l’impression qu’il vivait en moi!
Quand j’y repense, je me dis qu’il m’a fallu aller jusqu’à sa croix et jusqu’à son tombeau vide pour qu’enfin ses paroles que j’avais entendues s’inscrivent comme une partie vivante de moi-même. Je suis sûre que vous qui avez voulu savoir mon histoire, vous pouvez vivre la même chose. Vous n’avez pas besoin d’avoir comme moi souffert de sept démons, mais je suis certaine que la liberté que je connais, vous pouvez en jouir vous aussi. Ne vous sentez-vous pas de temps en temps comme prisonniers de vous-mêmes, de vos désirs, de vos passions? Allez vers lui.
Pour faire mieux connaissance avec Marie de Magdala
Matthieu 27.2-66, 28.1-10; Marc 15.21-47, 16.1-11; Luc 8.1-3, 23.50-56, 24.1-12; Jean 19.16-27, 20.1-18.