Le nom «évangile» (en grec: euaggelion) apparaît 76 fois dans le Nouveau Testament, la deuxième partie de la Bible, tout écrite en grec. On y compte aussi 54 usages du verbe (euaggelizomai: «évangéliser, annoncer l’Évangile») qui lui est apparenté.
Dans la littérature grecque comme dans la traduction grecque de l’Ancien Testament (écrit originellement en hébreu), le mot euaggelion désigne une «récompense pour une bonne nouvelle» (1) ou l’annonce elle-même d’une bonne nouvelle, comme celle d’une victoire sur l’ennemi (2). Le mot ne commencera à désigner un texte qu’au 2ème siècle lorsqu’on s’en servira pour parler de l’«évangile» selon Matthieu, Marc, Luc ou Jean.
La particule «eu» en grec signifie «bon». On la trouve encore en français dans des mots issus du grec comme «euthanasie», «euphémisme» «eucharistie»... Il est toutefois possible qu’elle avait perdu un peu de sa force au 1er siècle et que le mot ne désigne plus qu’un message ou une nouvelle sans qu’ils soient nécessairement jugés bons. Mais on doit relever qu'euaggelion était utilisé à cette époque-là pour l’«annonce» quasi-religieuse de l’élévation d’un nouvel empereur à la dignité impériale.
Un message et une personne
C’est l’apôtre Paul qui a le plus utilisé le mot évangile: 60 des 76 emplois du Nouveau Testament sont de sa plume. Nul doute qu’il faut le comprendre à la lumière de son usage dans le monde gréco-romain.
Mais c’est certainement le prophète Ésaïe qui a conduit les premiers chrétiens à utiliser ce mot pour désigner «la bonne nouvelle» de Jésus. En effet, plusieurs siècles avant la naissance du Christ, celui-ci s’écrie: «Ô Jérusalem, messagère d’une bonne nouvelle! Crie sans crainte… “Voici votre Dieu vient!”» (3).
Et quand Jésus introduit son propre ministère dans la synagogue de Nazareth, il lit publiquement cette autre promesse d’Ésaïe: «L’Esprit du Seigneur repose sur moi parce qu’il m’a désigné par l’onction pour annoncer une bonne nouvelle…» (4). Son commentaire est sans ambiguïté: «Aujourd’hui même, pour vous qui l’entendez, cette prophétie de l’Écriture est devenue réalité» (5).
Ainsi, l’Évangile, le Message, plein de bonté, de Dieu pour le monde, c’est avant tout une personne: Jésus! Car qui d’autre que lui est mort pour nos péchés et ressuscité d’entre les morts? C’est ce Message-là - Jésus - qui est puissance de Dieu pour le salut de quiconque se confie en lui (6).