Des collectifs fragiles
Dans le monde du travail, la taille des équipes diminue, année après année : on sous-traite ceci, on met en place des équipes-projet provisoires qui sont dissoutes à la fin du projet, on travaille en ligne, les directions s’éloignent, le chômage menace. Bref, l’isolement gagne peu à peu, et les salariés le vivent mal. Dans la vie civile, l’appartenance à une commune, à un département ou à un État, est, elle aussi, de moins en moins forte. Beaucoup de personnes n’ont pas envie de voter et elles attendent surtout d’un élu qu’il réponde à leurs besoins les plus immédiats. Les rapports de voisinage sont plus tendus. Les échanges sur les réseaux sociaux sont agressifs, parce que les personnes parlent à d’autres personnes qu’elles ne voient pas et, souvent, ne connaissent pas. Et la vie de famille ne va pas tellement bien non plus.
Une conséquence du progrès ?
C’est, en partie, le fruit de notre prospérité. À l’époque où il n’y avait pas d’assurance maladie (publique ou privée) et pas d’assurance vieillesse, il fallait, qu’on le veuille ou non, s’appuyer sur des liens de solidarité proches. Il n’était pas question, non plus, d’avoir une activité agricole ou artisanale ni d’être commerçant, sans vivre en couple. Or, désormais, bien des fonctions, qui étaient remplies par des personnes proches, sont prises en charge par des systèmes techniques ou des interfaces informatiques. Il est, par exemple, devenu contre-productif de demander son chemin à quelqu’un si l’on a, avec soi, un smartphone ou un GPS de voiture.
En résumé, et peu à peu, la société a...