Je suis né en 1960 et j’ai l’impression que ce que l’on a appris à ma génération c’est: l’homme est naturellement bon et tous les problèmes viennent de l’organisation de la société. Puis, notre génération a redécouvert les horreurs que les humains étaient capables d’infliger à leurs semblables, notamment au travers du génocide rwandais et, beaucoup plus près de nous, en Europe même, lors de l’éclatement de la Yougoslavie. Aujourd’hui, la vision optimiste de l’homme naturellement bon a perdu beaucoup de terrain.
Ni ange ni bête
Qu’en dit la Bible? Elle souligne deux aspects qui font de l’être humain une personne en tension intérieure. D’abord, Dieu a créé l’homme bon. Le livre de la Genèse (1) souligne avec persistance que la création entière de Dieu était bonne, sans aucune présence du mal. Mais ensuite les choses se gâtent, et c’est là le deuxième aspect fondamental de l’enseignement biblique: l’humain a rompu avec Dieu en refusant de lui faire confiance et d’écouter sa parole (2). Déconnecté de Dieu, il se trouve privé de la source de vie et des repères d’existence dont il a besoin, et se trouve en même temps sous l’influence d’une force qui le pousse vers le mal et qu’il n’arrive pas à dominer.
Ainsi, l’humain est comme divisé en lui-même. Attiré par le bien et capable à certains moments d’actes de dévouement et de désintéressement magnifiques, il est en même temps poussé à faire le mal, incapable de sortir durablement de l’égocentrisme qui le caractérise et de vivre des relations sociales harmonieuses.
Un combat inégal
L’apôtre Paul, dans sa lettre aux chrétiens de Rome décrit ainsi cette division intérieure: «Il est à ma portée de vouloir, mais non de pratiquer le bien. Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas… Pour ce qui est de l’homme que je suis intérieurement, je prends plaisir à la loi de Dieu; mais je vois dans mon corps tout entier une autre loi qui lutte contre la loi de mon intelligence et qui me rend captif – captif de la loi du péché qui est dans tout mon corps» (3). Paul souligne plus loin que Dieu ne nous abandonne pas à cette condition misérable. Tout le Nouveau Testament témoigne que Jésus-Christ est venu pour nous libérer de cette captivité. Son Saint-Esprit agit dans ce sens encore aujourd’hui.
L’enseignement biblique est à la fois réaliste sur la présence du mal dans le monde et rempli d’espoir: Jésus se propose d’ouvrir la porte de notre prison. Voulons-nous prendre son offre au sérieux?