Un vendredi soir de début janvier, j’accompagne Sarah au TGV. Elle revient de l’île de la Réunion, chez son père, et retourne à Bordeaux, chez sa mère.
Ne la sentant plus à mon côté, je me retourne. Elle est cinq pas en arrière. Ses longues jambes d’une jeune fille de vingt ans ne sont pas en cause. Elle me demande : « Pourquoi tous ces gens marchent si vite ? »
Je lui précise qu’à cette heure, les gens rentrent du travail. Et que, comme c’est vendredi, ils se hâtent pour le week-end. Arrivées vers la gare TGV, elle ajoute : « Heureusement que tu es venue m’accompagner, je ne me sens pas bien ici et je ne sais pas si je m’y serais retrouvée seule. »
Pourtant, sur le quai, elle me raconte qu’elle a transité par Dubaï où elle a dû prendre un train pour être transférée vers un autre satellite de l’aéroport. De plus, elle a déjà séjourné aux Antilles, aux Seychelles, au Kenya…
Je me suis surprise à penser que j’avais, moi aussi, adopté le rythme des gens pressés presqu’à chacun de mes trajets vers le RER.
Ce que je n’ai pas osé expliquer à Sarah, c’est que les gens coursent tout simplement le temps. Et je ne saurais lui dire si parfois je course les aiguilles de l’horloge ou si ce sont elles qui me coursent.