Trois pasteurs discutent sur la posture à avoir dans la prière. Le premier dit qu'il faut prier debout, les mains levées. Le second affirme que la meilleure posture c'est de prier à genoux.
Pour le troisième, le mieux c'est d'être prostré, couché au sol dans l'humilité.
Un homme intervient :
– Excusez-moi, je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre votre discussion. Je ne connais pas grand-chose à la prière, mais je pense que la meilleure posture est d'être suspendu à l'envers.
– Suspendu à l'envers ?, s’exclament les pasteurs incrédules. Quelle drôle de posture !
L'homme s'explique :
– Un jour, je réparais les lignes d'un poteau téléphonique. J'ai glissé et me suis retrouvé suspendu à l'envers. Sachant que je pourrais tomber à tout moment, j'ai prié : Seigneur, sauve-moi ! Et il a entendu. C'est donc la meilleure posture pour prier.
Cette petite histoire nous apprend que la prière n'est pas une question de méthode, de longueur ou de mots. Prier, c’est une question qui concerne notre être entier, notre intériorité, notre volonté.
Respiration de l'âme
Savez-vous que l'être humain peut retenir sa respiration plus de trois minutes sans conséquences majeures pour sa santé ?
La prière est à la vie spirituelle ce qu'est la respiration à la vie corporelle : elle est vitale pour notre relation avec Dieu.
Le grand Sadhou explique que le monde dans lequel nous vivons est semblable à l'océan et que le croyant risque de mourir asphyxié s'il ne sort pas la tête de l'eau pour reprendre sa respiration. Prier permet à notre âme de respirer et de continuer à vivre dans ce monde.
Je prolonge sa comparaison en disant que prier c’est permettre à notre âme de respirer l’atmosphère divine !
Il y a quelques années, lorsque je suis descendue du train dans une ville chinoise, la pollution était telle que j’ai fait de suite une allergie à la poussière. Cette atmosphère était toxique pour ma santé. L’atmosphère spirituelle de ce monde dans lequel nous vivons est toxique pour notre être intérieur. Prier, c’est respirer l’atmosphère divine, c’est sortir notre tête de ce monde anxiogène pour respirer Dieu. C’est ainsi sentir sa présence, son amour, son regard, son cœur. C'est se plonger dans la sainte présence trinitaire, Père, Fils et Saint-Esprit pour que notre cœur soit purifié, vivifié, bouleversé et transformé.
Je me souviens de cette terrible nuit où, comme toutes les autres nuits, je suis seule face à mes souffrances, à mes démons. Comme une bête blessée, je hurle ma douleur devant le Seigneur : « Regarde, Seigneur, ils ont brisé mon cœur, tous les morceaux sont éparpillés… personne ne pourra les rassembler... » J'ai alors senti comme une main sur mes épaules et une voix intérieure intelligible me murmurer : « Je suis ton Créateur, c'est moi qui ai créé ton cœur, je sais où se trouvent les morceaux, je sais comment les rassembler. »
Et effectivement, le Seigneur a retrouvé les morceaux éparpillés et a guéri mon cœur meurtri. Respirer l'atmosphère divine, c’est le besoin suprême de tout homme.
Intimité avec Dieu
On trouve dans la Bible des intimes de Dieu, comme Abraham ou Moïse. Ils ont eu une vie de prière profonde, empreinte de respect, de vénération, de soumission et de gratitude envers Dieu. Plus leur intimité grandissait avec Dieu, plus ils étaient conscients de qui Il était et de qui ils étaient.
Clément d'Alexandrie a dit : « Prier c’est tenir compagnie à Dieu. » Cela illustre bien notre intimité avec Dieu dans la prière.
Je pense à cette jeune mère de famille qui se met à genoux une demi-heure chaque jour pour prier. Un jour, lorsqu’elle s’est relevée, trois heures s’étaient écoulées. Quel étonnement ! Pour elle, c’était juste quelques minutes !
La prière, c’est avant tout prendre son temps avec Dieu, sans se presser, en s’attardant en sa présence.
J’ai observé un couple qui fêtait ses cinquante ans de mariage au restaurant. Ils discutaient comme de jeunes amoureux et, par intermittence, le vieil homme caressait doucement la main ridée de son épouse.
Prier, c’est comme fréquenter Dieu, a dit quelqu’un. Cette fréquentation a le pouvoir de changer mon cœur pour que je lui ressemble.
Ce n’est pas un monologue : je parle et Dieu n’a qu’à se taire et m’exaucer. C’est un dialogue.
Le sens le plus élevé de la prière n’est pas seulement d’obtenir une réponse à ma demande ou une solution à mon problème, c’est plutôt de faire l’expérience de la réalité de la présence de Dieu à travers des échanges vrais, authentiques et profonds.
Discipline spirituelle
Notre adolescente joue du piano depuis l’âge de six ans. Nous l’avons vue progresser année après année. Au début, elle s’entraînait vingt minutes par jour, puis trente et quarante-cinq les trois années suivantes pour atteindre aujourd’hui plus d’une heure.
La prière aussi demande un entraînement spirituel quotidien.
J’ai le privilège de connaître le Seigneur depuis une trentaine d’années. J’ai rencontré beaucoup de moments où je n'avais pas eu envie de prier et où il a fallu me forcer. Plus que toute chose, la prière est une affaire de volonté et de discipline spirituelle personnelle.
Le meilleur moyen d'apprendre à prier c’est de se mettre à prier.
Prier comporte deux éléments :
Apprendre à parler à Dieu
Prier c'est comme tirer une flèche dans une cible. Il faut s'exercer pour atteindre le centre. Parler à Dieu s'apprend. Nous n’avons pas besoin de formuler de longues et belles phrases. Prier de manière concise, précise, sans détour est un art.
Si nous désirons quelque chose, demandons-le simplement : « Seigneur, s’il te plaît, je voudrais avoir… »
Si nous avons besoin d’aide, disons-le franchement : « Seigneur, sois mon secours… »
Si nous avons de la peine, exprimons-le sans détours : « Seigneur, je suis triste, j’ai mal à… »
Si nous sommes heureux, remercions-le : « Seigneur, merci pour la joie ! »
Et pour que notre art se perfectionne, il n’y a rien de mieux que de prier avec les mots de la Bible.
Pourquoi ne pas débuter avec les Psaumes ?
Apprendre à écouter Dieu
Nous avons cinq enfants. La benjamine est beaucoup plus jeune que les quatre aînés. Lorsqu’elle était toute petite et qu’elle voulait prendre part aux conversations des grands, il m’a souvent fallu tendre l’oreille pour l’entendre dans ce brouhaha.
Prier c'est aussi tendre l'oreille.
C’est un exercice spirituel très difficile d’apprendre à faire silence en nous et à nous isoler du bruit ambiant pour entendre la voix de Dieu qui vient souvent à nous comme un doux murmure. C’est pourquoi il faut apprendre à tendre l'oreille. Dieu nous parle. Il nous parle à travers la Bible. À chaque fois que nous nous mettons à la lire, nous nous mettons à son écoute. Et alors le miracle se produit : Dieu se met à parler de lui, de son amour, de ses projets et aussi de ses réponses à nos prières.
Prier est, et sera toujours, essentiellement une œuvre de l’Esprit Saint. C'est lui qui nous rend capables de prier et de collaborer avec lui dans cette grande œuvre.
La prière est la plus grande de nos œuvres !