Pour un sujet considéré si souvent comme un fondement de la République française et un pilier de l’identité nationale en France, on pourrait s’attendre à ce que la laïcité fasse l’unanimité. Or, force est de constater que c’est loin d’être le cas. Il suffit de faire un petit sondage auprès de notre entourage et de le questionner sur le sujet pour s’en apercevoir. Que de surprises et de réponses diverses, variées et contradictoires ! Tout le monde semble, certes, conscient de la pertinence du concept, mais personne n’arrive à se mettre d’accord sur son sens exact…
Cette diversité d’approches est sans aucun doute le reflet de ce que l’on entend ou lit dans les médias, et tout simplement de ce que l’on discute à la sortie des écoles. Ainsi, pour certains, la laïcité se réduit à la neutralité de l’État vis-à-vis de la religion et au refus d’ingérence de l’un vis-à-vis de l’autre. Pour d’autres, c’est l’absence, voire le refus, de la religion dans l’espace public. Une forme d’anticléricalisme d’État… Pour d’autres encore, c’est la séparation des espaces privés et publics… Mais qu’en est-il au juste ? Que nous dit ce principe ? Que signifiait-il quand il a vu le jour et surtout, que signifie- t-il aujourd’hui ?
On pourrait penser qu’une simple lecture des textes de loi suffirait pour trouver des réponses simples et claires à nos questions, et que tout le monde serait ainsi en mesure de s’accorder… Mais les choses ne sont pas si simples. La laïcité « à la française » ne s’appréhende pas si facilement. Si ses principes de base sont clairs (même s’ils méritent d’être clarifiés encore et encore), son application est complexe et souffre de multiples exceptions. En voici une liste, loin d’être exhaustive. En Alsace et en Lorraine, c’est encore le régime concordataire qui prévaut. Hérité de la période précédant l’annexion de cette région par l’Allemagne en 1871, ce régime permet à l’État de salarier les ministres des cultes catholique, luthérien, réformé et juif. Beaucoup plus surprenant encore, savez-vous qu’à Mayotte, département français d’outre-mer, la charia est officiellement reconnue et appliquée ? Plus prosaïquement peut-être, au sein d’un État laïc, et selon un principe de non-ingérence de l’État dans les affaires religieuses, on aurait pu penser que les prêtres ou les pasteurs devraient être en mesure de marier ou bénir les couples en toute liberté – les sacrements religieux n’ayant pas de valeur légale. Or, ce n’est pas le cas. La loi déclare, sous peine de poursuite pénale, que les « mariages religieux » ne peuvent être effectués que postérieurement aux mariages civils... S’il y a des raisons historiques à cela, il n’en demeure pas moins que nous sommes là face à des incohérences, certes mineures, mais révélant la difficulté pour le citoyen « lambda » de s’y retrouver. Si ce livre a attiré votre attention, c’est probablement parce que, pour vous aussi, la laïcité pose question et que vous êtes en attente de clarifications et d’explications. Alors, continuez ! Vos attentes ne seront pas déçues. Dans son style à la fois agréable et pédagogique, Erwan Cloarec nous fait un beau cadeau : celui de la clarté et de la clairvoyance, sans jamais esquiver les difficultés. Plus encore, loin d’être un ouvrage théorique, il ouvre des pistes d’applications concrètes, nous aidant à réfléchir sur le « comment » de la laïcité dans nos divers lieux de vie. Oui, vous tenez entre les mains un ouvrage petit par la taille, mais grand par sa valeur et par le fruit qu’il portera.
À lire sans modération donc, et à partager.