Le livre des Actes des Apôtres est le livre de la Bible qui nous donne le plus de détails sur la vie des premiers chrétiens. Il rapporte que, lors de la première Pentecôte, lorsque le Saint-Esprit promis est descendu sur les premiers croyants, des gens ont dit : « Ils sont complètement ivres(1) ! »
Qu’est-ce qui les a amenés à cette conclusion ? Certainement la joie enthousiaste que l’Esprit de Dieu répandu sur les croyants a provoquée chez eux ce jour-là. De plus, il devait y avoir un sérieux charivari car les apôtres s’adressaient aux juifs venus de tout l’empire dans des langues qu’eux-mêmes ne connaissaient pas. On comprend que certaines personnes ont eu de la peine à interpréter ces phénomènes extraordinaires.
L’ivresse d’alcool et la plénitude de l’Esprit sont donc deux réalités qui peuvent se ressembler mais qui pourtant s’opposent frontalement ! En effet, la maîtrise de soi fait partie du fruit que l’Esprit de Dieu produit dans la vie du croyant ; on voit mal comment elle pourrait se conjuguer avec l’ivresse qui fait justement perdre le contrôle de soi. C’est ce qui a fait dire à Paul bien plus tard : « Ne vous enivrez pas de vin : il mène à un comportement malfaisant ; mais soyez remplis de l’Esprit Saint(2). »
Vin et divinité dans l’antiquité
Dans la culture gréco-romaine, l’ivresse était un moyen d’entrer en contact avec les divinités. À l’instar du Banquet de Platon (début du 4e siècle av. J.-C.), il existait des « symposions(3) » où les convives buvaient du vin sous la direction d’un symposiarque, sorte de maître de céans qui maintenait les convives dans une ivresse relative pendant que certains d’entre eux déclamaient des vers, discouraient ou philosophaient. Il ne serait pas surprenant que dans les agapes des Églises primitives, certaines personnes mal affermies se soient inspirées de ces coutumes gréco-romaines.
Pour autant, jamais Paul n’a jamais interdit l’usage de l’alcool. Il a seulement veillé à ce qu’il soit cadré.
À une époque où le vin (ainsi que le fait de manger une viande qui avait été sacrifiée dans un temple païen) pouvait être un obstacle pour la foi des autres, Paul a recommandé : « Ce qui est bien, c’est de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin, de renoncer à tout ce qui peut faire tomber quelqu’un(4). » C’est donc au nom de l’amour et du respect des convictions d’autrui que Paul a fait cette recommandation.
Quant aux responsables des Églises, Paul a écrit qu’ils doivent être respectables et sincères, ne doivent pas abuser du vin ni rechercher des gains malhonnêtes…(5)
La tentation du vin devait être forte car il recommande à son collaborateur : « Dis aux femmes âgées d’avoir un comportement qui honore Dieu. Elles ne doivent pas être médisantes, ni esclaves des excès du vin(6). »
Par contre, il écrit à Timothée, qui devait souffrir de maux d’estomac : « Cesse de boire uniquement de l’eau, mais prends un peu de vin pour faciliter ta digestion, puisque tu es souvent malade(7). » Paul appliquait les connaissances médicales de son temps, sans doute influencé par son ami, Luc, médecin.
Donc, le vin, oui ! Mais à boire avec …MODÉRATION !
Calvin, le Réformateur français (1509-1564) appréciait de boire du vin. Dans son commentaire sur Colossiens 3.16, il écrit : « Il n’est en aucun lieu défendu de rire (…) ou de se délecter avec des instruments de musique ou de boire du vin. »