Le message du jugement fait partie du Credo. Jésus vient « pour juger les vivants et les morts ».
Le Christ est venu une première fois, dans l’humilité en tant que Sauveur et Serviteur , mais il reviendra dans la gloire en tant que Juge et Seigneur.
Aujourd’hui cet aspect du message est souvent occulté. Certains chrétiens agissent comme s’ils en avaient honte, comme si le message du jugement constituait le maillon faible de la foi chrétienne, comme s’ail s’agissait d’une affirmation qu’il faudrait pudiquement recouvrir du manteau de Noé.
Quelles en sont les raisons ?
Nos contemporains sont d’abord à la recherche d’un salut terrestre, d’un épanouissement ici-bas.
Pragmatisme oblige, ils veulent tirer les dividendes de ce salut tout de suite, hic et nunc (ici et maintenant). L’horizon d’attente s’est considérablement rétréci, ce qui tranche singulièrement d’avec les siècles passés.
De plus, nous avons de plus en plus une conception mièvre de Dieu, conçu pour un « papa gâteau », un peu « papa gâteux », qui n’est pas capable de sévir, de juger et de punir.
Si bien qu’un discrédit est jeté sur la notion d’un jugement divin à venir.
Il est vrai que dans le passé, on en a abusé. Beaucoup de prédicateurs ont utilisé la « pastorale de la peur », c’est-à-dire la menace de la damnation, les flammes de l’enfer, pour tenter de convertir les foules. À la lecture de leurs textes, on éprouve une profonde gêne, car leur Dieu était surtout pensé comme un Juge revanchard et non comme le Père rempli d’amour pour ses enfants.
Cependant, le message du jugement fait partie de l’Évangile, et il est nécessaire pour plusieurs raisons.
D’abord parce qu’il est lié aux notions de liberté et de responsabilité de l’homme.
Du moment où l’on affirme que l’homme est libre, qu’il n’est pas une marionnette manipulée par le Destin, Dieu ou le Diable, il faut affirme qu’il est aussi un être responsable, et donc qu’il doit rendre compte de ses actes et de ses choix.
De plus s’il n’y avait pas la certitude d’un jugement dernier, notre sens de la justice serait terriblement frustré, car la justice des hommes épargne de nombreux criminels.
Le jugement nous rappelle aussi que l’histoire a un sens, qu’elle n’est pas absurde, que le bien et le mal ne seront pas traités en définitive de la même manière, car ils ne sont nullement équivalents. Le mal sera un jour jugé, reconnu comme tel dans toute sa profondeur et éradiqué, extirpé complètement de la nouvelle création de Dieu. Ainsi, même si le jugement ne permet pas de refaire l’histoire, il aune fonction réparatrice importante.
Le jugement dernier sera vraiment dernier dans le sens où l’on ne pourra pas faire appel, on n’en ressentira pas le besoin, car on se verra à la lumière de Dieu, dans une transparence totale.
Seul Dieu peut en effet sonder les cœurs et les reins, et nous monter à nu, tels que nous sommes ; en ce jour, chaque créature réalisera pleinement la vérité de son être.
Bien sûr, il faut aussi parler du jugement avec amour ! Ne parler que du jugement aboutirait à un déséquilibre pervers. Le Credo parlera plus tard de la foi en « la rémission des péchés ».