I) LES FONDEMENTS BIBLIQUES DE LA LOUANGE
Il s’agit d’essayer de répondre à la quadruple question :
1. Qu’est ce que la louange ?
2. Pourquoi la louange ?
3. Quand et où la louange ?
4. Comment exprimer la louange ?
1) Qu'est-ce que la louange ?
A) À la recherche d’une définition
Pour parler de la louange, la Bible emploie 13 mots différents en hébreu, dont le « Alléluia », et 15 mots différents en grec. C’est dire la diversité avec laquelle on peut la comprendre ou l’exprimer, selon qu’elle est méditative ou exaltée, dite, chantée, accompagnée de musique instrumentale ou de gestes.
La définition du dictionnaire Larousse a le mérite d’être plus accessible en la limitant aux « paroles par lesquelles on fait l’éloge de quelqu’un » ; elle n’est pas loin de sa signification biblique, quand on considère l’importance de la parole dans la louange (dite ou chantée), par rapport à ce qui l’accompagne, et lorsqu’on comprend bien qui est le destinataire.
À titre d’exercice pratique, faisons l’éloge d’une personnalité de notre choix. L’ayant fait à propos du maire d’une ville au Nord de l’Alsace, on m’a vite arrêté lorsque j’ai parlé d’un homme extraordinaire, ignorant qu’il s’agissait d’une femme... La leçon était facile à tirer : pour faire l’éloge de quelqu’un il faut d’abord bien le connaître !
Si l’on veut faire l’éloge de Dieu, une bonne connaissance s’impose, autant de ce qu’il est que de ce qu’il fait.
B) La nature de Dieu
Il s’agit d’une personne bien particulière puisque Dieu est omniprésent, omnipotent et omniscient :
– omniprésent (présent en tout lieu) parce que Dieu est Esprit (Jn 4.24),
– omnipotent (tout puissant) parce que trois fois Saint (És 6.3), le péché n’étant pour lui ni objet d’aucune tentation (Jc 1.13), ni entrave à son action,
– omniscient (ayant toute la connaissance) car Dieu est Parole, Verbe Créateur (Jn 1.1), à l’origine de toutes choses, conçues et réalisées par Lui.
La grandeur de Dieu est admirable. Elle tient à la fois de son honneur et de sa bonté (allant jusqu’à s’humilier pour notre salut en Christ), de sa distance et de sa proximité malgré ses facultés étonnantes. Si, de surcroît, il est redoutable alors qu’il ne peut être méchant, c’est qu’on ne peut rien lui cacher ni le surprendre en rien.
Il devient alors hors de question de s’approcher de lui pour le plaisir d’un beau discours ou pour jouir en « consommateur » de sa présence. Parce que Dieu est Dieu, nous sommes appelés à le servir. Entrer dans la louange devient une sorte de « devoir » en son honneur, l’accomplissement normal de l’ordre formulé de nombreuses fois dans les Écritures : Alléluia, c'est-à-dire louez l’Éternel ou encore loué soit Dieu !
C) Le contenu normal de la louange
La personnalité unique de Dieu nous invite à voir trois façons de faire son éloge :
a) L’adoration
Nous en avons un exemple dans les propos du Psaume 95.1-3 :
« Il est un grand Roi au dessus de tous les dieux. »
Elle s'adresse à Jésus-Christ lorsque les mages d’orient viennent pour l’adorer (Mt 22,11) :
« ils se prosternèrent et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. »
L’adoration affirme de manière irréfutable notre infériorité humaine devant la majesté de Dieu, de même que notre profonde admiration assortie d’un grand respect.
« Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre » (Ec 5.1).
L’adoration sous-entend donc la soumission, une soumission qui reste volontaire car Dieu n’exerce sur nous aucune tyrannie.
b) L’éloge pour ce que Dieu fait
Il concerne tout ce que Dieu accomplit, dans le passé, le présent et le futur et qui ne nous concerne pas directement ; par exemple :
« Les cieux sont l’ouvrage de tes mains » (Ps 102.26-29).
Ouvrir les yeux sur toute sa création est la source d’une louange intarissable. Considérer ce que Dieu a fait et continue de faire dans tout ce qui nous entoure et dont nous ne sommes pas les seuls bénéficiaires, est en même temps un éloge justifié et un bon remède contre notre égoïsme personnel…
c) L’action de grâce
« L’Éternel est mon berger, je ne manquerai de rien » (Ps 23.1).
L’action de grâce concerne plutôt ce que Dieu accomplit dans notre vie personnelle. Lui dire merci pour cela, fait preuve d’une bonne éducation et par là même nous reconnaissons son action déterminante aux cotés de nos propres efforts.
2) Pourquoi la louange
A) Un dû à rendre
Dire merci c’est bien, mais la louange n’est pas seulement le fruit d’une bonne éducation.
« Rendez grâce en toutes choses car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ » (1 Th 518),
« Par Jésus-Christ offrons sans cesse un sacrifice de louange » (Hé 13.15).
En relisant ces versets on peut comprendre que la louange n’est pas une option, mais un passage obligé, de grand prix aux yeux de Dieu. Est-ce pour cela qu’il ne fallait pas empêcher Marie de verser le parfum de grande valeur sur la tête de Jésus ? Qu’il ne fallait pas non plus regretter la somme qu’il aurait rapportée s’il avait été vendu (Mt 26.6-13) et en faire un sujet de discorde ? Qu’il ne fallait pas seulement respirer l’odeur de ce parfum extraordinaire… ? Il y a mieux à faire : participer à l’œuvre de Dieu ; c’est pour cela que cette femme est citée en exemple.
B) Un moyen d’entrer dans la présence de Dieu ?
« Lorsque ceux qui sonnaient des instruments et ceux qui chantaient s’unirent pour louer l’Éternel… la maison de l’Éternel fut remplie d’une nuée » (2 Ch 5.13-14).
À la lecture de ce passage on a l’impression que le Seigneur attendait qu’une louange bien coordonnée retentisse pour se manifester ! L’expérience vécue par Paul et Silas à Philippes, alors qu’ils étaient en prison, semble confirmer cette impression. Toutefois le texte ne dit pas que leur intention était de déclencher une intervention de Dieu par la louange. Leur louange est plus probablement le fruit d’un état d’esprit qui traduit leur assurance d’être déjà dans la présence de Dieu, la délivrance en étant une manifestation supplémentaire (oh combien appréciée !). En proclamant leur foi vivante ils ont libéré le terrain de tout obstacle à ce qu’ils puissent voir l’action libératrice du Seigneur.
La louange, même fervente, n’est certainement pas un « truc » pour provoquer l’intervention de Dieu, et l’exaltation obtenue par une louange musicale habilement menée ne doit pas être confondue avec une manifestation de la puissance divine...
C) Une façon d’accompagner la présence de Dieu
« Dieu monte au milieu des cris de triomphe » (Ps 47.6).
On a souvent lu « descend » au milieu des cris de triomphe. Pourtant ce n’est pas ce que le texte dit, et d’autres traductions le confirment :
« Monte à Sion parmi les acclamations » (TOB, BFC, Chouraqui)
Ce texte trouve son application lors de la montée de Jésus à Jérusalem pendant laquelle le peuple l’acclame. Il est ainsi élevé par des cris de joie à la dimension d’un Roi (Mc 11.9-10). On peut trouver une situation analogue chaque fois que le sentiment de sa présence est si fort qu’il nous amène à louer Dieu avec la même force. À la Pentecôte, c’est bien l’effusion du Saint-Esprit qui a entraîné une louange aussi mémorable (Ac 2.11).
En définitive la véritable louange vient d’une onction, d’une manifestation de la puissance ou de la grâce de Dieu ou d’une profonde conscience de la nature de Dieu :
« Il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en Esprit et en vérité » (Jn 4.24)
Non à toute « magouille » destinée à manipuler l'assemblée !
Louer Dieu pour espérer en avoir plus, c’est du calcul. Aimer le louer parce qu’un moment d’exaltation nous fait plaisir, c’est de l’égoïsme. Dire que c’est la présence de Dieu quand ce n’est qu’un effet du rythme ou du bruit de la parole ou de la musique, c’est du mensonge.
3) Quand et où louer Dieu ?
A) Quand le louer ?
« Toujours » (Ps 30.13),
« Sans cesse » (Ps 61.9),
« Tant que je vivra » (Ps 146.1-2).
B) Où le louer ?
« Dans son saint Temple » (Ps 138.2),
« Parmi les peuples » (Ps 570.10).
Déjà dans l’Ancienne Alliance il n’y avait pas de moment ni de lieu particulier pour la louange du psalmiste, et si nous pensons que le temple était l’endroit le plus approprié, la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ fait de chacun de nous (individuellement) un temple du Saint-Esprit (1 Co 6.19). Notre vie est un temple toujours disponible pour y faire monter notre louange, où que nous soyons.
De plus, les chrétiens réunis forment ensemble aussi le temple du Saint-Esprit (Ép 2.22). Tout rassemblement devrait être occasion de louange, et ce sur toute la surface de la terre !
Est il vraiment nécessaire, dans ce cas, d’organiser des réunions spéciales de louange ? Ne faut il pas plutôt éliminer de notre vie tout ce qui attriste le Saint-Esprit et pollue notre être au point de ne plus penser ou vouloir louer Dieu ?
Autrement dit, dans notre vie de tous les jours :
• écoutons ce qui encourage à la louange,
• refusons ce qui tue la louange.
Si la louange est un état d’esprit quotidien, les rassemblements seront tout naturellement des concerts de louange et à plus forte raison le culte du dimanche matin dont c’est le but essentiel.
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