Introduction
Pour les auteurs du Nouveau Testament, la prédication est l’événement par lequel Dieu agit (1 P 1.23,25 ; 1 Th 1.8,9 ; 2.13). Par la prédication, Dieu rencontre des hommes et des femmes pour les amener au salut et à la maturité du caractère chrétien. Il n’est dès lors pas étonnant que l’apôtre exhorte le jeune Timothée à prêcher la Parole (2 Tm 4.2). Il ne s’agit alors pas de simplement monter en chaire et de parler, mais de fonder sa parole sur la Parole écrite (1 Tm 4.13 ; 2 Tm 2.2,15).
Tout prédicateur devra, à l’instar de Timothée, prêcher la Parole de manière à être fidèle aux Écritures, mais également pertinent pour ses contemporains. Dans ce qui suit, nous souhaitons nous intéresser à un type de prédication en particulier : la prédication textuelle. Nous commencerons par en préciser les contours afin que ce que nous entendons par « prédication textuelle » soit intelligible aux lecteurs. Puis, nous présenterons certains points forts de ce type de prédication, avant d’attirer l’attention sur quelques points de vigilance. Enfin, nous fournirons un certain nombre d’indications en vue de la préparation d’une prédication textuelle.
1. Une définition de la prédication textuelle
a. Une question de taxonomie
Dans son très influent Prêcher, l’art et la manière, devenu un manuel de référence dans de nombreux cercles évangéliques, Bryan Chapell propose de distinguer trois types de prédications(1) : 1) la prédication thématique (topical message), qui prend son sujet dans le passage et tire son organisation de la nature du sujet plutôt que des distinctions du texte ; 2) la prédication textuelle (textual message), qui tire son sujet et ses points principaux des idées contenues dans un texte. Le message reflète certaines particularités du texte dans l’énoncé de ses idées principales, mais le développement de ces idées provient de sources extérieures au texte choisi ; 3) enfin, la prédication exégétique (expository message), qui tire son sujet, ses points principaux et ses points secondaires du texte biblique retenu.
b. Une nécessaire clarification
La définition de la prédication textuelle proposée par B. Chapell crée une certaine confusion. L’adjectif « textuel » devrait souligner que la prédication se fonde sur le texte biblique et se développe conformément à celui-ci, comme le suggèrent d’autres homiléticiens(2). Or, ce n’est pas le cas dans la définition de B. Chapell, puisque seules les divisions principales reflètent certains éléments du texte. Cette difficulté a probablement été perçue par Christophe Paya qui en traduisant l’ouvrage de B. Chapell rend l’expression « textual message » par « prédication thématique organisée selon la spécificité du texte(3) » plutôt que « prédication textuelle ». Cela permet de dissiper la confusion.
À l’instar de S. Greidanus(4), nous proposons de ne distinguer que deux catégories de prédications : les prédications thématiques, d’une part, et les prédications textuelles/exégétiques(5), d’autre part. La prédication exégétique est textuelle(6) ; la prédication textuelle est exégétique. Par ailleurs, nous reprendrons volontiers les mots de John Stott pour élucider la fonction de la prédication textuelle/exégétique :
« Notre responsabilité en tant que prédicateurs est d’ouvrir le texte de telle manière qu’il donnera son message de façon claire, entière, précise, pertinente, sans additions, soustractions ni falsifications(7). »
Après ces éléments de clarification, venons-en à quelques points forts des prédications de type textuel/exégétique, ainsi qu’aux points de vigilance.
2. Points forts de la prédication textuelle et points de vigilance
a. Quelques points forts pour le prédicateur
- L’affirmation intentionnelle de l’autorité des Écritures
Par quelle autorité les prédicateurs prêchent-ils ? Quelle est la parole qu’ils apportent ? S’ils prêchent leur propre parole, l’assemblée peut les écouter poliment, mais elle a tout à fait le droit de ne pas tenir compte de leur prédication, qui n’est que l’opinion d’une autre personne. La seule autorité appropriée est celle des Écritures elles-mêmes. La prédication textuelle, du fait même qu’elle consiste à expliquer le texte, fait du prédicateur un véritable serviteur de la Parole. Il se soumet, pensées et opinions, aux Écritures. La prédication qui se sépare des Écritures ne peut avoir d’autorité légitime sur le cœur humain puisqu’elle s’arroge une autorité qu’aucun individu ne peut revendiquer. La Bible doit être la source de la prédication. Cela impose, sans aucun doute, une lourde responsabilité aux prédicateurs. Ils doivent s’efforcer de rendre justice aux Écritures ainsi qu’à la situation contemporaine dans laquelle la parole doit être prononcée. La prédication textuelle, puisqu’elle ne cherche qu’à rendre le texte intelligible pour en communiquer le message ici et maintenant, proclame que le texte est roi, pas le prédicateur.
- Le souvenir et la loyauté
Ajoutons que la prédication textuelle prône une forme d’intégrité. Elle confronte le prédicateur à la question de l’intention de l’auteur. En l’invitant à rechercher cette intention, la prédication textuelle lui permet d’éviter deux écueils que J. Stott mentionne à juste titre : ...