La prédication est au cœur du ministère pastoral. S’il est devenu assez rare de voir un pasteur prêcher tous les dimanches, il est fréquent qu’il doive enchaîner des séries de trois ou quatre prédications avec un seul dimanche de pause entre les séries. Un essoufflement peut apparaître. Certes, l’Esprit saint vient à notre secours, mais il peut aussi quelquefois nous conduire vers un désert et alors ce n’est plus l’essoufflement qui guette, mais le sentiment douloureux de ne plus rien avoir à apporter !
La question du renouvellement se pose inévitablement. Y a-t-il des moyens de dépasser l’usure, ou au moins d’en amoindrir les effets sur le ministère ? Et, même si nous traversons un désert, comment continuer à nourrir la communauté ? Plus largement, comment conserver la joie de la prédication ?
À ces questions, il n’y a pas de réponse toute faite, de recette qu’il suffirait d’appliquer, mais quand même, je le crois, quelques attitudes, disciplines, qui peuvent aider à courir avec persévérance(1), à maintenir ou à retrouver la joie de prêcher la Parole. Les réflexions qui vont suivre seront accompagnées de quelques témoignages plus personnels : ils doivent être pris pour ce qu’ils sont : des expériences parmi d’autres…
I. Jésus, le prédicateur
Avant de proposer ces quelques réflexions, regardons au prédicateur que fut Jésus. Regarder à Jésus, c’est la démarche normale de tout chrétien, de tout pasteur, de tout prédicateur de l’Évangile (Hé 12.2). Cela permet de trouver l’inspiration, mais aussi de contempler le modèle suprême. Quelques passages des évangiles indiquent des caractéristiques de la prédication de Jésus qui marquaient ses auditeurs. Il y a fort à parier que ce sont ces mêmes caractéristiques auxquelles nous devons aspirer et pour lesquelles nous cherchons le renouvellement.
Je vais m’appuyer sur une étude faite par Enzo Bianchi, fondateur de la communauté de Bose(2). Selon lui, trois éléments caractérisaient la prédication de Jésus :...