Introduction : Vivre la mission dans un monde créé, qu’est-ce que ça change ?
Titre inspiré d’un ouvrage de Lydia Jaeger(2), j’ai souhaité intituler cet apport introductif à l’édition 2022 de notre Centre évangélique : « Être, faire, dire – Vivre la mission dans un monde créé ». Autrement dit, vivre dans un monde créé, qu’est-ce que cela change dans notre manière de présenter et représenter l’Évangile à nos contemporains ? Qu’est-ce que cela implique ?
Mon professeur de Nouveau Testament, Jacques Buchhold, rappelle régulièrement que les évangéliques ont pour habitude de penser et débuter leur présentation du message de l’Évangile à partir de Genèse 3 et ses conséquences… Faisant fi, trop souvent, d’une saine théologie de la création pour informer leur manière de comprendre le monde qui les entoure et de s’y engager à partir de l’Évangile. Alors oui, vivre la mission dans un monde créé et aimé de Dieu, qu’est-ce que cela implique ? Qu’est-ce que cela change quant à notre manière d’incarner l’espérance que nous portons ?
Vous avez lu dans notre programme que ma parole est située à la fois comme un apport biblique/théologique, et un mot du CNEF de la part de son président. Je choisis dès lors non pas de faire les deux successivement, mais ensemble, vous présentant, sous cet angle original d’une théologie de la création, quelques thèses sur la mission de l’Église et des croyants. Des thèses que je ne sors pas de mon chapeau, mais des propositions qui trouvent leur source dans un texte sur la mission actuellement en travail au niveau du CNEF, en lien avec l’élan missionnel que nous voulons vivre et déployer ensemble, à l’échelle de nos Églises et de nos œuvres, entre nos Églises et nos œuvres, dans notre pays et au-delà.
Dans l’introduction de ce texte, prochainement disponible, vous pourrez ainsi lire une référence à l’intitulé de notre Centre évangélique par la définition que nous donnons à cet élan missionnel commun auquel nous aspirons, je cite : « Cette articulation entre l’être, le dire et le faire, en Église rassemblée ou dispersée, est essentielle à l’élan missionnel dans lequel nous entrons sous la conduite de l’Esprit de Dieu. ». Ceci en lien avec l’appel prioritaire du CNEF de promouvoir le témoignage de l’Évangile en paroles et en actes, partout et dans toutes les sphères de la société, notamment par l’implantation d’Églises ». Autrement dit, nous allons, et je m’en réjouis, commencer pendant ce Centre évangélique à préparer un travail qui va se poursuivre pendant toute l’année, et se vivre au-delà.
Alors oui, vivre la mission dans un monde créé, qu’est-ce que ça change, qu’est-ce que cela implique ? Je vous proposerai, ce matin, six thèses et une invitation à la prière en conclusion.
Thèse n° 1 : Vivre la mission dans un monde créé implique d’aimer le monde de Dieu
Voilà une expression que j’emprunte au titre d’une section de l’Engagement du Cap : « Nous aimons le monde de Dieu ». Le texte de Lausanne développe avec enthousiasme :
« Nous partageons la passion de Dieu pour son monde, nous aimons tout ce que Dieu a fait, nous nous réjouissons de la providence et de la justice de Dieu dans toute sa création, nous proclamons la Bonne Nouvelle à toute la création et à toutes les nations, et nous aspirons à voir se lever le jour où la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de Dieu comme l’eau couvre le fond des mers(3). »
Une invitation à partager la passion de Dieu pour le monde qu’il a créé, à l’aimer tout entier à sa suite, soucieux de son bien et de l’humanité qui l’habite. En nous rappelant que ce monde blessé demeure le monde de Dieu, qu’il ne l’a pas abandonné, et qu’il revient bientôt pour faire toutes choses nouvelles. Voilà notre espérance : une création guérie, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera. C’est pourquoi, conclut l’Engagement du Cap :
« Nous aimons le monde avec une sainte impatience de voir la rédemption et le renouvellement de toute la création et de toutes les cultures dans le Christ, le rassemblement du peuple de Dieu de toutes les nations jusqu’aux extrémités de la terre, et la fin de toute destruction, pauvreté et inimitié. »
Dans cette attente soupirante, nous souhaitons dès aujourd’hui, en cohérence avec le message que nous portons, poser les signes concrets de notre espérance, nous engageant activement au sein du monde que Dieu aime. Celui pour lequel il revient bientôt. Ainsi, vivre, être, dire et faire selon l’espérance que Christ nous donne, comme une ...