8 juillet 1945. Le retable d’Issenheim est ramené à Colmar …
L'armée américaine le découvre en 1944 en caisses dans les caves du château de Haut-Koenigsbourg et, le 8 juillet 1945, le retourne à nouveau au musée Unterlinden, son emplacement actuel.
C’est en 1512 que le peintre Matthias Grünewald commence la réalisation du fameux retable d’Issenheim (1512-1516) qui se trouve au musée d'Unterlinden. Cette peinture saisissante provient du couvent des Antonins à Issenheim, au sud de Colmar.
La crucifixion
Au centre, le Christ est peint avec réalisme. Les mains dont les nerfs sont à vifs par les clous, les pieds d'où s'écoule le sang, les épines, le corps flagellé est exsangue, et le visage, un visage encore humain, encore aimant, encore en prière. En Jésus, Dieu a souffert à l'infini, car c'est l'infini qui est atteint.
Nous voyons Jean Baptiste qui montre la crucifixion du doigt. Historiquement, il est mort avant le Christ et n'était pas présent au pied de la croix. C'est pourquoi son attitude dénote, il semble ne pas participer à la douleur de la scène. Grâce à sa présence sur le tableau, le spectateur n'entre pas dans le jeu masochiste et macabre de la contemplation d'une torture. Le but du peintre n'est pas une complaisance dans la souffrance mais d'en éclairer le sens. Jean-Baptiste a dit en effet que Jésus était « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1).
A côté de Jean Baptiste, il y a un agneau. Cet Agneau donne le sens de ce qui se passe : alors que la Pâque juive commémore la sortie d'Égypte par le sacrifice d'un Agneau dont on ne brise pas les os, Jésus meurt le jour et à l'heure de ce sacrifice et on ne lui brise pas les os. C'est lui l'Agneau de la nouvelle Pâque, la Pâque définitive par laquelle le salut est désormais offert à tout homme qui croit.
Au pied du Christ nous voyons Marie Madeleine. L'évangile nous dit sa présence (Jn 19, 25). Marie Madeleine aime le Christ comme son sauveur. Elle sait de quoi elle a été sauvée et elle n'a pas honte de venir là, en ce lieu de déchéance, pour rendre les derniers honneurs à l'humanité de son Seigneur.
Nous voyions Marie soutenue par l’apôtre Jean. La position de Marie épouse la position du Christ, elle adhère au Sauveur de toute la force de sa foi.
La résurrection du retable d'Issenheim
Le visage du Christ se détache sur un gigantesque cercle lumineux comme un soleil énorme montant dans le ciel noir – qui est maintenant tacheté d’étoiles. Sa chevelure est dorée, ses yeux regardent en face le spectateur impressionné, ses bras aux mains percées sont levés en un geste d’envol, de victoire, de bénédiction peut-être. Son manteau rouge, symbole de vie, de renouveau pour ceux qui regardent, d’espérance pour les malades : Renouveau, délivrance, intérieure en tous cas, courage force d’affronter la vie telle qu’elle est.
On comprend vraiment le message de Pâques lorsqu’on en fait personnellement l’expérience. Encore faut-il ouvrir son cœur au salut de Dieu.
Comment l’éprouver si l’on croit ne pouvoir compter que sur soi-même. Le témoignage magnifique de Grünewald nous appelle accueillir la grâce de Dieu, puissance de résurrection.