L'"entente cordiale" entre la France et l'Angleterre est née le 8 avril 1904.
Jusqu’à-là la France et l’Angleterre ne s’aimaient guère. Il y aura désormais la volonté de travailler ensemble. L’expression « entente cordiale », a été inventée plus tôt par le protestant François Guizot, historien et ministre de poids de Louis Philippe.
La première « entente cordiale » entre la France et l’Angleterre a pris forme par un geste symbolique très fort : la visite de la reine Victoria au roi Louis-Philippe entre le 2 et le 7 septembre 1843, au château d’Eu en Normandie. C’était la première fois depuis Henri VIII qu’un souverain britannique se rendait en France. Cette manifestation amicale était d’autant plus impressionnante que, trois années plutôt, les deux pays avaient été au bord de l’affrontement, à propos de la question d’Orient, et qu’un puissant ressentiment s’était ensuivi dans l’opinion publique des deux côtés de la Manche.
La nomination d’un nouveau gouvernement le 29 octobre 1840, avec François Guizot aux Affaires étrangères, était apparue comme un premier signe d’apaisement. En août 1841 George Hamilton Gordon, comte d’Aberdeen, succédait au Foreign Office à Henry Temple, vicomte Palmerston, dans un cabinet conservateur dirigé par Robert Peel. La qualité des relations entre Londres et Paris s’améliora bientôt. En effet, l’amitié affichée entre les deux souverains, qui se manifesta par la visite rendue par le roi des Français à la reine d’Angleterre à Windsor en octobre 1844, et encore un passage éclair de Victoria à Eu en septembre 1845, prit toute sa dimension par les liens de plus en plus étroits que le ministre bourgeois tissa avec le grand seigneur écossais. C’est à ce dernier que revient l’expression, en octobre 1843, de « A cordial good understanding », à laquelle Louis-Philippe en décembre, dans le discours du Trône inspiré par Guizot, fit écho en parlant de « sincère amitié » et d’esprit de « cordiale entente ». Victoria, devant le Parlement, se servit en février 1844 des mêmes expressions. L’entente cordiale n’était pas une alliance consacrée par un traité, mais un état d’esprit ainsi défini par le ministre français le 22 janvier 1844.
On peut voir au dessus du bureau de Guizot, la copie par Henry Landseer d’un tableau de Thomas Lawrence représentant Lord Aberdeen.