Calvin dicte son testament. Il y exalte la bienveillance de Dieu à son endroit :
«Il a eu pitié de moi, Sa pauvre créature, pour me retirer de l‘abîme de l‘idolâtrie où j‘étais plongé, pour m‘attirer à la clarté de Son Évangile et me faire participant de la doctrine de salut de laquelle j‘étais par trop indigne… il m‘a supporté en tant de vices et pauvretés qui méritaient que je fusse rejeté mille fois de Lui… Il a étendu vers moi Sa merci jusque là de Se servir de moi et de mon labeur pour porter et annoncer la vérité de Son Évangile… »
Le lendemain ce sera les adieux de Calvin aux pasteurs de Genève :
„...Quand je vins premièrement en cette Église il n‘y avait quasi comme rien. On prêchait et c‘est tout. On cherchait les idoles et on les brûlait, mais il n‘y avait aucune réformation. Tout était tumulte… J‘ai vécu ici en combats merveilleux… Que pensez-vous que cela pouvait effrayer un pauvre écolier timide comme je suis, et comme je l‘ai toujours été, je le confesse… J‘ai eu beaucoup d‘infirmités lesquelles il a fallu que vous supportiez et même tout ce que j‘ai fait n‘a rien valu… Je suis une misérable créature. Mais pourtant je puis dire après cela que j‘ai bien voulu, que mes vices m‘ont toujours déplu et que la racine de la crainte de Dieu a été dans mon cœur“... Mais prenez courage et vous fortifiez, car Dieu se servira de cette église et la maintiendra et vous assure que Dieu la gardera… Quant à ma doctrine, j‘ai enseigné fidèlement et Dieu m‘a fait la grâce d‘écrire : ce que j‘ai fait le plus fidèlement qu‘il m‘a été possible et je n‘ai pas corrompu un seul passage de l‘Écriture ni détourné à mon escient. Et quand j‘eusse pu amener des sens subtils, si je me fusse étudié à subtilité, j‘ai mis tout cela sous le pied et me suis toujours étudié à simplicité“.
Un témoin oculaire note :
„Il prit congé de tous les frères qui le touchèrent en la main l‘un après l‘autre, fondant tous en larmes…“
Le lendemain, 27 avril, ce sont les dernières recommandations de Calvin aux seigneurs responsables du gouvernement de Genève :
„Que les vieux ne portent point envie aux jeunes des grâces qu‘ils auront reçues, mais qu‘ils en soient aises et louent Dieu qui les y a mises. Que les jeunes se contiennent en modestie sans se vouloir trop avancer, car il y a toujours de la vanterie en jeunesse qui ne se peut tenir et s‘avance en méprisant les autres. Qu‘on ne se décourage point et qu‘on ne s‘empêche point les uns les autres et qu‘on ne se rende point odieux, car quand on est piqué, on se débauche.“