7 janvier 1990. Le retour de la Bible de Charles le Chauve à Metz
Le retour de la Bible de Charles le Chauve à Metz après 300 ans d'absence
La "Bible de Charles le chauve", splendide manuscrit du 9e siècle offert à la cathédrale de Metz par le roi Charles II, dit Charles le Chauve, vers 869, cette Bible fait figure de testament de l’enluminure carolingienne. Un joyau dont Metz fut privé par Colbert au en 1675.
Conservé à la Bibliothèque Nationale de France, le manuscrit a retrouvé Metz près de 300 ans plus tard, le temps de l’exposition "Metz enluminée" du 11 novembre 1989 au 7 janvier 1990, à la Médiathèque de Metz.
Colbert était un bibliophile passionné, doublé d’un collectionneur impénitent. Le ministre de Louis XIV avait constitué une bibliothèque prestigieuse, la « Colbertine », la troisième de son temps après celles du Vatican et de son maître, le Roi Soleil.
Le procédé de Colbert était aussi simple qu’efficace : il sollicitait le diplomate en poste à l’étranger, notamment en Orient, et les grands commis du royaume qui inventoriaient les fonds les plus précieux avant de passer à la phase de « récupération », contre échanges.
C’est ainsi qu’un certain De Morangis, Intendant de Metz, se fit offrir, par le chapitre de la cathédrale de Metz, le « Psautier de Charles le Chauve » en 1674 contre un portrait du Roi Louis XIV par Le Brun.
En 1675, Colbert revint à la charge une seconde fois, toujours par l’intermédiaire de De Morangis qui, cette fois, obtint des chanoines… la fameuse « Bible de Charles le Chauve » en échange d’une grande croix en argent, d’une valeur de mille livres.
En 1732, la bibliothèque royale racheta les pièces les plus intéressantes de la « Colbertine », dont la « Bible de Charles le Chauve », qui passa dans le fonds de la Bibliothèque Nationale en 1794.
C’est un parchemin en 423 folios de 495 X 375 mm sous reliure en maroquin rouge aux armes de Colbert.
Il provient du scriptorium de Tours et son ornement et son illustration luxueuse en font un condensé de qualité de l’art tardo-antique. À la fin du manuscrit, le poème dédicatoire est illustré par une peinture pleine page montrant Charles le Chauve recevant sa Bible des mains de l’abbé Vivien, de Tours.
La tradition veut que ce fût à l’occasion de son sacre comme roi de Lotharingie, le 9 septembre 869, en la cathédrale de Metz, que Charles II le Chauve fit don de cette Bible au chapitre de Metz.