Rosalind Bell-Smith Goforth (1864-1942) est née le 6 mai 1864 à Kensington Gardens, près de Londres. Trois ans plus tard la famille déménage au Canada à Montréal. Le père de Rosalind est un artiste et sa fille fut diplômée de la Toronto School of Art en 1885.
C'est pendant ses études que Rosalind Bell-Smith épousa Jonathan Goforth, le 27 octobre 1887. A propos de cet événement, elle écrit alors :
"Depuis l'âge de vingt ans, j'ai prié le Seigneur pour lui demander, si c'était sa volonté que je me marie, de me diriger vers un jeune homme qui lui soit entièrement dévoué, à lui et à son service [..,] Un dimanche, j'assistais à une réunion des ouvriers de la Toronto Mission Union. Un peu avant le commencement de la réunion, quelqu'un, de la porte, appela Jonathan Goforth. Lorsque celui-ci se leva pour sortir, il laissa sa Bible sur la chaise. Je fis alors quelque chose que je ne pus jamais m'expliquer, et pour quoi je ne me suis pas trouvé d'excuses; je me sentis poussée à aller jusqu'à sa chaise, je pris la Bible et retournai à ma place. En la feuilletant rapidement, je me rendis compte qu'elle était écornée par un long usage et je la replaçai sur la chaise de son propriétaire. Tout ceci se passa en quelques secondes. Assise là pendant le culte, je me dis: Voici le jeune homme qu'il serait bon que j'épouse. "
Et elle poursuit :
" Ce même jour, je fus désignée, avec quelques autres, pour ouvrir un avant-poste dans une autre partie de Toronto. Jonathan Goforth faisait également partie de ce groupe. Au cours des semaines suivantes, j'eus de nombreuses occasions de voir la vraie grandeur de cet homme, que même son apparence insignifiante ne pouvait dissimuler.
Aussi, lorsqu'il me demanda: "Veux-tu unir ta vie à la mienne et partir en Chine?", sans hésiter un seul instant, je répondis oui. Mais quelques jours plus tard, grande fut ma surprise lorsqu'il me demanda: Tu me promets que tu ne m'empêcheras jamais de faire passer le Seigneur et son œuvre en premier, même avant toi? C'était là exactement le genre d'homme que j'avais demandé à Dieu de m'envoie comme mari et je répondis fermement: Je te le promets. (Oh, combien le Maître fut bon de m'avoir caché tout ce que cette promesse signifiait!).
"Quelques jours après lui avoir promis ce qu'il me demandait, arriva la première épreuve. j'avais toujours rêvé (en femme que j'étais) de la belle alliance que j'allais avoir. Ce fut alors que Jonathan me demanda:
"Serais-tu très contrariée si je ne t'achetais pas d'alliance?" Il se lança aussitôt dans une explication enthousiaste sur la façon dont il s'efforçait de distribuer des livres et des brochures et sur le travail qui se faisait en Chine. Il voulait économiser tout ce qu'il pouvait pour cette œuvre importante. En l'écoutant et après avoir contemplé la lumière qui illuminait son visage, mes visions d'une belle alliance s'évanouirent. Ce fut ma première leçon sur les vraies valeurs."
Ils vont servir ensemble en tant que missionnaires en Chine et en Manchourie.
Le 19 janvier 1888, des centaines de croyants se réunirent dans la gare de Toronto pour faire leurs adieux au ménage Goforth qui partait travailler à l'œuvre de Dieu en Chine. Avant le départ du train, tous baissèrent la tête pour prier et, lorsque le train s'ébranla, tous se mirent à chanter: " En avant, soldats de Christ ". Lorsqu'il se fut éloigné de la gare, le jeune couple pria Dieu de les prendre sous sa garde afin que leur vie soit éternellement digne de la grande confiance que leurs frères avaient mise en eux.
Mariés pendant 49 ans, ils eurent onze enfants (Gertrude, Donald, Paul, Florence, Helen, Grace, Ruth, William, Constance, Mary, and Frederick), dont 5 moururent en bas âge.
Les épreuves ne manquèrent à ces missionnaires. Peu après leur arrivée en Chine, un incendie détruisit tous leurs biens matériels. L'été, la chaleur était si forte que leur fille aînée, Gertrude mourut et il fallut transporter son corps à 75 kilomètres de là, en un lieu où la sépulture des étrangers était autorisée. Lorsque un second enfant, Donald, mourut, il fallut faire le même long voyage avec le petit cadavre. Après douze années passées en Chine, ils perdirent à nouveau tout ce qu'ils possédaient lorsqu'au cours d'une 'inondation, les eaux envahirent la maison et montèrent à plus de deux mètres.
En 1900, pendant le soulèvement des Boxers, plusieurs centaines de missionnaires et de croyants furent sauvagement assassinés. Seule la main de Dieu les guida et les soutint pendant leur fuite, un périple de 1500 kilomètres, par une chaleur intense en portant l'un des quatre enfants qui était malade. D'innombrables fois, ils se virent entourés de foules qui criaient:
"Tuons-les! Tuons-les! "
Une fois, la foule en fureur leur jeta des pierres si grosses qu'elles cassèrent des côtes aux chevaux qui tiraient la voiture, mais tous les membres de leur groupe s'en tirèrent sains et saufs! Goforth reçut plusieurs coups d'épée, dont l'un pénétra jusqu'à l'os de son bras gauche qu'il avait levé pour se protéger la tête. Bien que le casque grossier qu'il portait ait été pratiquement mis en pièces, il réussit à ne pas tomber jusqu'au moment où il reçut un coup qui faillit lui faire éclater le crâne. Mais Dieu ne permit pas que les mains des hommes le détruisent, car il avait encore une grande œuvre à accomplir en Chine par l'intermédiaire de ces serviteurs fidèles. Ainsi donc, sans pouvoir soigner ses blessures et les vêtements ensanglantés, le groupe affronta les multitudes déchaînées jour après jour, jusqu'à l'arrivée à Shanghaï. De là, toute la famille s'embarqua pour le Canada.
Rosalind Goforth est l’auteur de “ How I Know God Answers Prayer” (1921), de la biographie de son mari “ Goforth of China (1937), “Memoirs of a Missionary's Wife” (1940).
Source : Les Héros de la Foi, Orlando Boyer - Editions VIDA