31 juillet 1560. le poète Jean Tagaut

publié le 31 July 2024 à 02h00 par José LONCKE

Jean Tagaut (vers 1515-1560), de famille noble, fils de Jean Tagaut, doyen de la Faculté de médecine de Paris. Tagaut était excellent latiniste et helléniste. Il fut élève au Collège du Cardinal Lemoine. Son professeur d emédecine fut Jacques Dubois, « lecteur royal » en cette discipline. Ami de Ronsard, Tagaut composa à partir de 1550 un recueil d’odes destiné à sa Pasithée, Claude Bernard qui devint sa femme. Ce recueil est resté très longtemps inédit …

31 juillet 1560. le poète Jean Tagaut
Tagaut est aussi l’auteur d’Odes chrétiennes, parut en 1574 (Recueil Montméja).
Exilé en 1554, parce que converti à au protestantisme, il enseigne à Lausanne puis à Genève où il mourut. 

« Jean Tagaut verse un peu trop dans l’éloquence, mais une ferveur mystique l’emporte vers de purs sommets. Peut-on exprimer avec plus d’émoi l’émerveillement de l’âme qui, dans un élan mystique, trouve Dieu et qu’effleure pourtant la crainte de le perdre ? Jean Tagaut n’aurait-il écrit que ces strophes, il mériterait de rester comme l’un de nos meilleurs poètes religieux » (Raoul Stephan, L’Épopée Huguenote, p 191-192)


Puisque, bénin, tu veux plonger toute mon âme,
Au vin délicieux de ton palais sacré,
Puisque purger tu peux par ta divine flamme,
Yeux, pieds, langue, mains, cœur, tends-moi doncque ta coupe,
Et, lavant mes péchés fais qu’à toi consacré
J’annonce ta hautesse à ta petite troupe.

Mes yeux qui paravant n’adoraient rien qu’un songe,
Mes pieds courant au sang, mes mains lâches au bien,
Mes oreilles, ma voix, esclaves du mensonge,
Mon corps, mon âme étant à la fosse profonde,
Où se vautre péché, ores sentent combien
Malheureux est celui qui sur toi ne se fonde.

Je veux voir d’un saint œil tes créatures belles
En tes voies marcher, mes mains lever aux cieux,
Ouïr ta douce voix, tes bontés pérennelles
A jamais publier ; tout le corps, toute l’âme,
Et mon tout est à Toi : ô Père gracieux,
Bénis donc le désir du serf qui te réclame.

Purifie mes yeux, et me fais voir ta face :
C’est assez tracassé, fais-moi voler plus haut.
Empoigne mes deux mains, et fais que je t’embrasse.
De ta bouche la voix entre dans mes oreilles,
Ma langue sans cesser parle à toi comme il faut
Et mon âme en tes cieux contemple tes merveilles.

Ah ! Mon Dieu, je te vois, de ta grandeur j’approche :
A ton trône je touche ; ah ! j’entends bien ta voix !
Et pour parler à Toi, tu m’as ouvert la bouche.
A toi je suis conjoint dedans toi je demeure ;
Tu habites dans moi, tu m’aimes et connois :
Doncques voudrais-tu bien mes laisser à cette heure ?


(Ode IX, Poèmes chestiens (1574), Recueil Montméja, p 104)

Prière du pécheur découragé

O que cette chair me lasse !
Quand sortirai-je de moi,
Embrassant la vive foi,
Fuyant toute chose basse…

Je combats en moi sans cesse,
Mais pour me défaire mieux,
Toujours me bande les yeux
Cet ennemi qui m’oppresse.

Puis tantôt un gros orage
M’ensevelit tout de flots :
Mais Dieu oyant mes sanglots,
Soudain me jette au rivage.

Là respirant je m’essuie,
Mais mon ennemi suivant,
Soudain de grêle et de vent
Me bat, et noie de pluie…

Après tempête si grosse
Quand trouverai-je repos ?
Hélas, quand seront mes os
Enterrés dedans la fosse ?

(Ode V, Poèmes chestiens (1574), Recueil Montméja, p 68-69)

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