Deux tableaux particulièrement sanglants sont exposés au Louvre. Ils montrent des scènes de la sanglante nuit du massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572).
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Le premier tableau montre une scène qui déroule dans le Palais du Louvre, dans la Chambre au décor opulent de Marguerite de Valois, la reine Margot. C'est au milieu de la nuit, la jeune princesse française devenue par son mariage reine de Navarre, vient d'être réveillée par des coups violents frappés à sa porte. L'homme qui s'effondre près du lit de la reine.
Son nom est Téjan, c'est un protestant et un serviteur d'Henri de Navarre (future Henri IV). Il a couru le long des corridors du palais pour sauver sa vie et chercher un abri, poursuivi par des soldats catholiques qui voulaient l'exécuter comme tous les autres huguenots séjournant au Palais. Nous le voyons, ils font irruption dans la pièce; L'un d'entre eux a posé la main sur Téjan et s'apprête à le frapper avec la crosse de son fusil.
Prise au milieu du groupe des soldats, la servante de la reine Margot témoigne par l'expression de son visage, choquée et confuse, de la tension extrême produite par leur irruption et de la violence de la scène.
Le reine Margot, sa maitresse s'est dressée sur son lit. Ses joues sont rouges et la blancheur de son corps se dévoile alors qu'elle intervient avec force en faveur de Téjan. De son bras tendu elle empêche le soldat de le tuer.
La reine prend les choses en main; Elle exige de savoir quel est la crime de cet homme. C'est à elle seule qu'il revient de juger de son sort. De décider s'il sera ou non remis entre les mains des soldats.
la réponse du soldat est que l'homme est protestant et qu'il doit mourir, par ordre du roi, en tant que protestant. Cette réponse heurte la reine. Elle doit alors penser à son époux protestant et au sort qui le menace. Est-il toujours en vie ?
Le reine Margot refuse de livrer Téjan et elle défie ainsi ouvertement les ordres de son frère.
On lui prête cette réponse : "Si vous voulez le tuer, il faudra me tuer d'abord".
Les soldats ne pouvaient évidemment porter la main contre une princesse de France, une princesse catholique, fille et sœur de rois. Ils durent vider les lieux en abandonnant leur proie. Margot joua un rôle crucial dans cette nuit d'horreur en offrant à d'autres protestants l'asile de ses appartements. Son mari, le roi de Navarre, compte au nombre de ceux qui échappèrent à la mort cette nuit-là. Il devait devenir roi de France sous le nom d'Henri IV.
"Scène du massacre de la Saint-Barthélemy dans l'appartement de la reine de Navarre", 1836, par Alexandre-Evariste Fragonard.
Louvre, Deuxième étage, Sully, salle 66
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Le deuxième tableau nous présente une autre scène du massacre. Elle se déroule quelques heures après la précédente. En témoigné les lueurs de l'aube qui pénètrent dans la pièce par les fenêtres. Dans le groupe des assassins, on voit un soldat, un moine et un homme qui porte une croix blanche sur son casque Un signe qui permettait de le distinguer des huguenots. Ils ont pénétré de force dans l'appartement d'un autre dignitaire protestant, du nom de Briou. Les traces de lutte sont visibles partout. Un sablier et un livre gisent sur le sol, près du noble protestant qui porte une blessure récente. Briou était le tuteur de François de Bourbon, prince de Conti, qui appartenait lui aussi à une famille protestante.
Nos voyons le prince âgé de 14 ans, en proie à une violente panique tenter de sauver son précepteur jeté à terre en retenant l'homme qui lève son poignard pour le frapper. Le jeune prince s'est lui-même jeté sur le sol pour faire de son corps un bouclier et protéger son tuteur. Vaine tentative, l'autre assassin va bientôt le transpercer de sa lance.
Briou affronte son sort avec courage et dignité. Son regard est dénué de peur et, face à la mort, sa seule réaction est d'écarter de lui son jeune maître afin qu'il ne soit pas frappé par les coups qui ne sont destinés qu'à lui seul. Le prince de Conti sera contraint, quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme.
"Scène de la Saint-Barthélemy, assassinat de Briou", 1833, par Joseph-Nicolas Robert-Fleury (1797-5 mai 1890).
Louvre, Deuxième étage, Sully, salle 66
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Sources:
Scènes de crime au Louvre, Christos Mzarkogiannakis, LEPASSAGE, Paris-New York Editions, 2017
pp 169-175