4 mai 1824. Les pensées de Joubert et la Bible
Joseph Joubert, né à Montignac (Périgord) le 7 mai 1754 et mort à Paris le 4 mai 1824, est un moraliste et essayiste français. Joubert fut un homme de l’ombre : il ne publia jamais rien. Bien qu’ayant été ami de Chateaubriand (l’un des rares dont celui-ci requérait le jugement, le seul dont il acceptait les remarques, souvent sévères), il aurait disparu sans laisser de livres si d’autres, après sa mort, ne l’avaient pris au sérieux en découvrant ses carnets et sa correspondance, qu’il tint tout au long de sa vie. Peut-être craignait-il que l’inachevé fût incompatible avec l’idée de publication ? .
Ce qui n’empêcha pas les autres de trouver chez lui des "gouttes de lumière qu’il fallait recueillir". "Qui m’aurait dit que dans cette petite ville [Villeneuve-sur-Yonne] demeurait un homme que j’aimerais tendrement, un homme rare, dont le cœur est de l’or, qui a autant d’esprit que les plus spirituels et qui a, par-ci, par-là, du génie ?" (F. R. de Chateaubriand).
Les pensées de Joubert et la Bible
« Sans les allusions à la Bible, il n’y aurait plus, dans les bons livres écrits en notre langue, rien de familier, de naïf, de populaire ». (Joseph Joubert, Pensées, I, 124)
« La sainte Écriture est aisée à traduire dans toutes les langues, parce qu’on a besoin pour y parvenir, que les mots communs, populaires, nécessaires, et qui, par conséquent se trouvent partout. » (125)
« Il ne faut qu'un moment, je ne dis pas d'attention, mais d'écoutement, pour comprendre et recevoir en soi les beautés de la Bible, beautés qui s’étendent ou se resserrent en quelque manière selon la diverse disposition ou la capacité diverse des esprits ; en sorte qu’elles entrent dans les plus petits et remplissent les plus grands tout entier, et que l’intelligence du même homme, selon qu’elle est elle-même mieux ou moins bien disposée, en reçoit une plénitude dès qu’elle leur ouvre un accès ». » (126).
« La Bible est aux religions ce que l'Iliade est à la poésie ». (127)
« Pour traduire la Bible, il faudrait des paroles spacieuses ; des constructions où rien ne fût ni trop bien joint, ni trop poli ; des mots et des phrases qui eussent un air de vétusté » (128)
« De Sacy a rasé, poudré, frisé la Bible ; mais au moins il ne l'a pas fardée. » « Déplorables époques que celles où chaque homme pèse tout à son propre poids et marche, comme dit la Bible, à la lumière de sa lampe ! »
« Le même esprit de révolution a dirigé les hommes dans la littérature, dans l’État et dans la religion. Les philosophes ont voulu substituer leurs livres à la Bible, comme les jacobins leur autorité à celle du roi ».