Issu d'une famille paysanne de Huguenots, il fut le cadet de 8 enfants vivant à Asnières-lès-Bourges (18 dans le Cher), François Coillard (1834-1904), grandit auprès de sa mère et se laisse envelopper par l'ambiance chaleureuse d'une famille de missionnaire voisine : la famille Ami Bost. Les récits du missionnaire Samuel Bost le fascinent et l'encouragent à effectuer des études de théologie à Strasbourg et à Paris où il se destine très tôt à être missionnaire.
En 1857, il est envoyé comme missionnaire au Lesotho par la Société des Missions Evangéliques de Paris (organisme qui envoyait des missionnaires au Lesotho depuis 1833).
Consacré le 24 mai dans le temple de l'Oratoire du Louvre à Paris, François Coillard quitte Paris le 22 août 1857. François Coillard arrive au Cap le 6 novembre 1857. Le 8 mai 1858 il arrive à Thaba-Bossiou, la capitale du Basutoland.
La conférence missionnaire décide quelque temps après d'ouvrir une nouvelle station missionnaire à Leribe, cette dernière étant confiée à François Coillard.
À son arrivée dans cette région excentrée du Lesotho, François Coillard est bien accueilli par Malopo, bien que celui-ci, après s'être converti au christianisme et avoir été baptisé, soit retourné vers les coutumes païennes (il n'avait, par exemple, pas moins de quarante ou cinquante femmes). Coillard doit faire œuvre de pionnier et, pendant plus d'un an, il va consacrer une grande partie de son temps à des travaux de construction, de sa chaumière d'abord puis d'une chapelle provisoire. Comme il vit seul, il doit aussi s'occuper de toutes les affaires du ménage, de la cuisine et même de la confection de ses vêtements. Il n'oublie cependant pas ce pour quoi il est venu en Afrique et il annonce l'évangile lors de réunions festives ou dans la chapelle qui réunit une centaine d'adultes aux services du dimanche. En contact permanent avec les Bassoutos, il apprend aussi rapidement leur langue à laquelle il s'était cependant déjà un peu formé avec Prosper Lemue avant de prendre le poste de Leribe ; il deviendra d'ailleurs bien vite l'un des missionnaires parlant le mieux le sessouto.
François Coillard aimait son œuvre de Leribe mais il souffrait de la solitude et il semble avoir eu du mal à s'imposer, d'autant qu'il avait un aspect très juvénile, surtout lorsqu'il se rasait la barbe.
Il lui manquait une compagne. Il pensa à Christina Mackintosh (1829-1891), une jeune Écossaise, fille d’un pasteur baptiste, qu'il avait connue dans les salons parisiens. Très jeune encore, elle avait assisté à une réunion missionnaire où Moffat présentait la petite Sara Robey, une petite Bechuana, qu'il avait sauvée d'un tombeau où ses parents l'avaient enterrée vivante. Cela lui fit une profonde impression. Depuis ce jour, elle s’était passionnée pour les missions.
Il écrivit à Christina, mais celle-ci rejeta son offre de mariage. Quitter son milieu raffiné et cultivé en laissant les livres, l'art et la musique qu'elle aimait, lui paraissait au-dessus de ses forces. Tout comme pour vivre dans le bled.
Mais la décision qu’elle avait prise la laissa dans un grand trouble. Et lorsque François écrivit de nouveau deux années plus tard, elle dit «oui». Ce qui ne l’empêcha pas de pleurer amèrement en quittant la France et après son arrivée en Afrique, d’avoir à surmonter le mal du pays.
Plus âgée de cinq ans, Christina, allait permettre à son mari de murir et de consolider son ministère. Elle travailla comme collaboratrice à part entière du ministère de son mari dont elle partagea toutes les difficultés et tous les voyages tout au long de leur vie commune. Ils n'eurent jamais eu d'enfants.
En janvier 1861 Coillard part l'accueillir à Port Elizabeth dans la colonie britannique du Cap mais elle arrive finalement au Cap où Coillard doit aller la chercher. Le mariage a lieu dans cette ville le 26 février 1861.
Elle travaillait comme missionnaire collègue de son mari et a partagé toutes les difficultés de leurs voyages au long de leur mariage. Ils n'ont jamais eu d'enfants.
Puis le couple retourna à Leribe où ils créèrent une école qui ne s'interrompait que le samedi, tout en parcourant le pays à cheval pour évangéliser le pays. Les résultats ne furent pas rapides mais en août 1862 ils eurent la joie de baptiser les deux premiers Bassoutos de Leribe.
C'est aussi à cette date que les Coillard décidèrent, en accord avec les représentants de la Mission, de s'installer sur un nouvel emplacement situé à deux kilomètres du premier, celui-ci présentant l'inconvénient, entre autres, de ne pas avoir de point d'eau à proximité.
Ils s'installèrent début 1863 sur le site de la nouvelle station où ils vécurent dans des conditions difficiles, les travaux ne progressant que lentement, ceci faute d'argent. Quelques ouvriers blancs, rencontrés par hasard et peu travailleurs, les aidèrent à construire une petite maison en pierre, en fait une seule pièce, ce qui obligeait le couple à utiliser aussi leur tente et une hutte pour faire la cuisine (leur véritable maison ne devait être terminée qu'en 1875). Ils privilégiaient la construction d'une école, pour accueillir les enfants du village qui jouxtait la station, et du temple, mais celui-ci ne devait être achevé qu'en 1871.
Les Coillard après avoir fondé la station missionnaire de Léribé au Lesotho iront fonder celle de Sefula au Zambèze. Son principale soutien, sa femme Christina Coillard mourut avant lui, le 28 octobre 1891 après plusieurs années de souffrance dues aux fièvres. François Coillard est mort et enterré à Sefula le 27 mai 1904.
Soutenu par les églises d'Europe, il restera attaché à l'œuvre missionnaire le long du fleuve Zambèze malgré les conflits en Afrique Australe et la guerre civile.
A l'heure où l'Afrique n'est pas encore découverte dans sa totalité et où les frontières ne sont pas encore tracées, Coillard rempli de zèle pour les entreprises lointaines entreprend plusieurs expéditions le long du fleuve Zambèze d'où son surnom de " Livingstone français ".
Leribe aujourd'hui