5 mai 1835. Promenade des anglais
A partir du milieu du XVIIIe siècle, Nice est adoptée comme station d’hiver par de riches Anglais. Absents durant la Révolution et la période napoléonienne, ils retrouvent le chemin de Nice avec la restauration de la Maison de Savoie (1814) et ils vont faire de la Baie des Anges leur lieu favori de villégiature hivernale offrant leur nom à la promenade la plus célèbre du monde,
La plupart s’installent dans des maisons situées le long de la route de France, ou dans le quartier de la Buffa familièrement appelé "la petite Londres".
L’autorisation de construire une église (ouverte le 1er décembre 1822) fut accordée à condition qu’elle ne ressemblât d’aucune manière à un lieu de culte et que les protestants ne fassent pas de prosélytisme ni étalage de leur foi. .
Lady Olivia Sparrow, un des membres les plus prestigieux de la communauté anglaise, avait fait don de quatre cents livres pour la construction de l’église, mais elle se fit surtout remarquer des autorités locales lorsqu’elle commença à distribuer sept cents Bibles parmi les Niçois. On mit un terme à ses activités en la priant de ne pas se mêler aux gens du pays.
En 1837, un pasteur suisse Buscarlet 1807-1882) fut expulsé pour cause de prosélytisme à Nice. Il habitait dans la maison des dames Cole qui étaient des fidèles de l’église anglicane où le pasteur Buscarlet avait présidé des cultes en français pendant deux mois en 1835. En 1850, les membres de l’Eglise, surtout ceux qui appartenaient à des comités de charité, avaient pris l’habitude de distribuer des livres et des tracts en même temps que de l’argent, alors que certains membres, plus craintifs, s’y opposaient.
Le domaine dans lequel les visiteurs britanniques à Nice pouvaient sans contrainte appliquer leurs devoirs moraux fut la pratique de la charité envers les pauvres. En ce domaine, les anglicans allaient se surpasser. Des souscriptions furent ouvertes spécialement pour l’assistance aux pauvres : toutes les collectes et distributions furent centralisées à l’église. Les anglicans eurent l’occasion de se montrer très généreux dans une ville où le pouvoir local était impuissant à lutter efficacement contre la pauvreté. La charité constructive –en ce sens où ce n’était pas une simple aumône – vit le jour sous l’égide des Anglais pendant la saison 1823-1824.
Des gelées sévères avaient ruiné les récoltes aux alentours de Nice et une foule de paysans était en ville pour y mendier. Iles anglicans décidèrent de financer une opération qui, non seulement donnerait du travail aux mendiants, mais aussi leur rendrait service.
Les Britanniques se plaignaient en effet de ne pas disposer d’une promenade le long du bord de mer, pratique innovante alors qui conjuguait l’admiration du paysage et la recherche de salutaires effets médicaux.
Lewis Way lance une souscription auprès de ses compatriotes afin de secourir les habitants sans travail en leur faisant niveler une chaussée de deux mètres de large, du Paillon à l’actuelle rue Meyerbeer. L’autorisation pour l’exécution des travaux fut accordée ; une souscription fut ouverte et 2478 francs furent recueillis auprès de soixante personnes ainsi que des dons en nature. Les travaux commencèrent le 29 décembre 1823, durèrent douze semaines pendant lesquelles cent vingt hommes, quatre-vingt-dix-neuf femmes et soixante-quatorze enfants furent employés.
Le révérend Lewis Way (1er janvier 1772-23 janvier 1840) avait un nom prédestiné. Il avait été nommé pasteur de l’église à Nice en 1822 ; ancien avocat à la Cour, il avait adhéré à la l’aile évangélique de l’Eglise Anglicane. Il était devenu pasteur avec l’intention de se consacrer à la conversion des juifs. Ce fut lui qui ouvrit l’église à Nice ; il y passa deux saisons avec sa nombreuse famille. il devint ensuite pasteur à Paris. Il y fonde la première église anglicane, la chapelle Marboeuf (St George Church), au 12 rue Marboeuf, près des Champs Élysées.
En 1824, les travaux sont achevés. Si les actes publics la dénomment "Strada del littorale", la population désigne la nouvelle chaussée comme le camin dei Inglés ou chemin des Anglais.
La libre disposition du littoral est accordée à la municipalité par les patentes du 5 mai 1835. Ce qui permettra au conseil municipal de mettre en œuvre une extension et un gabarit à l’échelle de l’actuelle « Promenade des Anglais ».