Gutenberg lègue l'imprimerie à l'humanité
Le 3 février 1468 meurt à Mayence un certain Johannes Gensfleisch, plus connu sous le nom de Gutenberg. Il est né à Mayence entre 1397 et 1400.
Gutenberg a autant révolutionné l'humanité que son contemporain Christophe Colomb. L'un et l'autre demeurent plus présents dans la mémoire des hommes que n'importe lequel des souverains et dirigeants de leur époque...
On lui doit l'invention de l'alliage dont sont fait ses caractères mobiles plomb+étain+antimoine. Cet alliage permet de fondre et de couler de nouveaux caractères à l'infinie grâce à des moules. Elle a révolutionné la manière de fabriquer des livres et, en abaissant considérablement leur prix, mis la lecture à la portée de tous.
L'imprimerie est dérivée de la gravure sur cuivre ou sur bois, une technique connue depuis longtemps en Europe et en Chine mais seulement utilisée pour reproduire des images : – on grave l'image sur une surface en cuivre ou en bois, – on enduit d'encre la partie en relief, – on presse là-dessus une feuille de papier de façon à fixer l'image sur celle-ci.
Gutenberg, graveur sur bois, a l'idée aussi simple que géniale d'appliquer le procédé ci-dessus à des caractères mobiles en plomb. Chacun représente une lettre de l'alphabet en relief.
L'assemblage ligne à ligne de différents caractères permet de composer une page d'écriture. On peut ensuite imprimer à l'identique autant d'exemplaires que l'on veut de la page, avec un faible coût marginal (seule coûte la composition initiale).
Quand on a imprimé une première page en un assez grand nombre d'exemplaires, on démonte le support et l'on compose une nouvelle page avec les caractères mobiles. Ainsi obtient-on un livre à de nombreux exemplaires en à peine plus de temps qu'il n'en aurait fallu pour un unique manuscrit !
Avec son associé Johann Fust, Gutenberg fonde à Mayence un atelier de typographie. Au prix d'un énorme labeur, il achève en 1455 la Bible «à quarante-deux lignes», dite Bible de Gutenberg. Ce premier livre imprimé à quelques dizaines d'exemplaires recueille un succès immédiat. Il est suivi de beaucoup d'autres ouvrages.
On estime que quinze à vingt millions de livres sont déjà imprimés avant 1500 (au total plus de 30 000 éditions). 77% de ces livres sont en latin et près de la moitié ont un caractère religieux. Les livres de cette époque portent le nom d'«incunables» (du latin incunabulum, qui signifie berceau).
Beaucoup d'incunables sont imprimés à Venise, alors en pleine gloire. Au siècle suivant, le XVIe, Paris, Lyon et Anvers deviennent à leur tour de hauts lieux de l'imprimerie avec un total de 200 000 éditions.
Les conséquences de l'imprimerie sont immenses. D'abord sur la manière de lire et d'écrire : les imprimeurs aèrent les textes en recourant à la séparation des mots et à la ponctuation ; ils fixent aussi l'orthographe.
L'instruction et plus encore l'esprit critique se répandent à grande vitesse dans la mesure où de plus en plus de gens peuvent avoir un accès direct aux textes bibliques et antiques, sans être obligés de s'en tenir aux commentaires oraux d'une poignée d'érudits et de clercs.
C'est ainsi qu'un demi-siècle après l'invention de l'imprimerie va se produire la Réforme de Martin Luther.
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Les quatre exemplaires de la Bible de Gutenberg en France :
De la Bible de Gutenberg, il subsiste aujourd’hui une cinquantaine de témoins, un nombre remarquable qui recouvre néanmoins un ensemble hétérogène, car certains exemplaires sont très fragmentaires. Quatre exemplaires de la Bible de Gutenberg sont conservés en France : un à la bibliothèque Mazarine, un à la bibliothèque municipale de Saint-Omer, deux enfin à la BnF.
1. Paris : bibliothèque Mazarine : 2 volumes, papier : Exemplaire complet . On ne sait à quel moment il est entré dans les collections de Jules Mazarin (1602-1661), ni quels furent ses possesseurs antérieurs. Vendu aux enchères en février 1652, au moment de la Fronde, avec l’ensemble de la bibliothèque du cardinal, il fut acheté par Jean Joubert, avocat au Parlement de Paris, qui y traça son ex-libris, mais le restitua après les troubles. Il fut relié en maroquin rouge vers 1770. Le nom de « Bible Mazarine » a été longtemps en usage pour le désigner.
2. Saint-Omer : Bibliothèque municipale : 1 volume, papier : Exemplaire incomplet [t. I seul, f. 241 manque]. Provient de l’abbaye de Saint-Bertin [ex-libris gravé de Momelin Le Riche, 78e abbé de 1706 à 1723]. Reliure du 17e siècle, en veau sur carton.
3. Paris : bibliothèque nationale de France : 2 volumes papier : Exemplaire incomplet [149 f. manquent]. Acquis par Dom Jean-Baptiste Maugérard (1735-1815) auprès de l’évêché de Mayence en 1789. À la fin de chacun des deux volumes, Heinrich Cremer, vicaire de la collégiale Saint-Étienne de Mayence, se présente comme l’auteur des rubriques, de la décoration et de la reliure : d’après la mention manuscrite figurant dans le t. I, le travail aurait été terminé le 24 août] 1456 et, pour le t. II, 15 août de la même année.
4. Paris : Bibliothèque nationale de France : 4 volumes, vélin : Exemplaire complet. Vu en 1762 par Pestel chez les Bénédictins de Saint-Jacques de Mayence. Ils le cédèrent en 1767 à Dom Jean-Baptiste Maugérard (1735-1815) pour le collectionneur messin Henri-Marie Dupré de Geneste (1716-1799) ; cédé en 1788, avec toute la bibliothèque, au cardinal Étienne-Charles de Loménie de Brienne (1727-1794), qui le fit entrer aussitôt à la Bibliothèque nationale. Était en 1788 dans sa reliure originale en 2 vol. Aujourd’hui en 4 vol., maroquin rouge ancien, filets, dos ornés, tranches dorées, aux armes de France.