On conservera d'Adolphe Monod le souvenir d'un grand prédicateur. Ses sermons ont attiré les auditoires de plus en plus importants. La chaleur de ses convictions jointe à un rare talent oratoire explique qu'il a exercé une influence très grande sur les jeunes.
Dans son sermon « Pouvez-vous mourir tranquille ? » (sur Hébreux 9.27), il n'hésite pas à se mettre à genoux dans la chaire de l'Oratoire. Le prédicateur disparaît et on ne voit plus que ses longues mains qui s'élèvent vers la voûte pour la prière. Par-delà le romantisme qui est celui de son temps, le message de Monod est encore en mesure de faire une forte impression sur nos contemporains.
L'écrivain et philosophe Henri-Frédéric Amiel écrit à son sujet, dans son Journal, au 9 novembre 1851 :
" J'ai ressenti les chaînes d'or de l'éloquence; j'étais suspendu aux lèvres de l'orateur et ravi de son audace et de sa grâce, de son élan et de son art, de sa sincérité et de son talent. J'ai reconnu que pour les puissants les difficultés sont une source d'inspiration, et ce qui ferait broncher les autres, l'occasion de leurs hauts triomphes... Quelle étude que celle d'une prédication pareille! Diction, composition, images, tout est instructif et précieux à recueillir. J'ai été émerveillé, remué, saisi. "
Edmond de Pressensé, dans ses Etudes contemporaines, écrit de son côté :
" J'ai toujours devant les yeux la figure d'A. Monod si noblement expressive... Elle portait le cachet d'une haute distinction morale, relevée par une mélancolie propre aux âmes profondes ; son sourire était admirable, c'était une lumière. La parole le transfigurait, comme elle fait pour tous les grands maîtres de l'éloquence. Son geste était parfait. Je n'ai entendu que Berryer qui eût une voix d'un timbre aussi harmonieux et pénétrant. " (Berryer, avocat et membre de l'Académie française, a été le grand orateur du parti légitimiste sous le Second Empire).
Après six ans de ministère parisien, la maladie le mine. Il monte en chaire pour la dernière fois le 27 mai 1855. Il s'éteint le 6 avril 1856 après dix mois de souffrance. C'est au cours de cette période qu'il a trouvé la force de rédiger une série de méditations pour ses amis qui ont été rassemblées dans " Les Adieux ".
Adolphe Monod. Extrait du Sermon: « pouvez-vous mourir tranquille ? » :
« ... Plus vous vous appuyez sur votre conduite, plus vous devez être troublés ; et plus nous nous appuyons sur Jésus, plus nous pouvons être tranquilles ; parce que vous, plus vous regardez votre conduite, plus vous la trouvez défectueuse ; et nous, plus nous contemplons Jésus, et plus nous le trouvons parfait, saint, puissant, fidèle, selon cette parole excellente :
« L’œuvre du rocher est parfaite » (Deutéronome 32.4). Le Rocher ! Ah ! Si vous saviez combien ce nom nous est précieux !
Avec Jésus, je descends au plus profond de l’enfer, et je vois dans le formidable accusateur des enfants de Dieu qu’un ennemi vaincu et hors d’état de me nuire !
Avec Jésus, je parcours la terre d’un bout à l’autre, et je marche en vainqueur sur le lion et sur l’aspic et sur toutes les forces de l’ennemi !
Avec Jésus, je monte au plus haut des cieux et dans mon juge, je reconnais on Sauveur !
Quoi qu’il en soit, Jésus, Jésus, c’est le seul nom que nous opposons à toutes les inquiétudes et à toutes les frayeurs !
Aux angoisses de la mort, Jésus ; aux terreurs du jugement, Jésus ; aux souffrances de la chair, Jésus ; aux défaillances de la foi, Jésus ; aux accusations de la conscience, Jésus ; aux tentations du démon, Jésus ; et à toutes vos questions, Jésus, Jésus !
Il est notre bouclier, notre espérance, notre vie, notre forteresse, notre paix, notre haute retraite ; et non pas à nous seulement, mais à tous ceux qui ont cru sincèrement en son nom, depuis le commencement de l’Eglise jusqu’à la fin, et aux siècles des siècles !... »