Deux poèmes de Noël par Christina Georgina Rossetti
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1. A Christmas Carol (Un chant de Noël)
-C'était au plus profond d’un sombre hiver, d’un vent glacial à fait frémir,
La terre était dure comme fer, dure était l'eau, comme la pierre ;
La neige était tombée sans s'arrêter, neige après neige, neige après neige,
Au plus profond d’un l'hiver sombre, il y a de cela longtemps, très longtemps.
-Nous avons un Dieu, que le ciel éclatant ne peut contenir, ni la terre porter ;
Devant lui, le ciel et la terre s'enfuiront quand il viendra régner.
Mais au cœur d’un hiver sombre, le coin nauséabond d'une étable a alors suffit
Au Seigneur Dieu Tout-Puissant, au Seigneur Jésus-Christ.
-Pour Celui que les puissants chérubins adorent jour et nuit,
Un beau sein gorgé de lait et une mangeoire remplie de foin ont suffi ;
Ont sufi alors pour celui, devant qui les anges sont prosternés,
Un bœuf, un âne et un chameau qui l'adorent émerveillés.
-Des anges et des archanges pouvaient bien se trouver là rassemblés,
Des chérubins et des séraphins pouvaient bien l'espace saturer;
Mais c'est sa mère, toute à sa joie de jeune accouchée,
Qui de façon unique, a adoré son bien-aimé avec un baiser.
-Que puis-je lui donner, tel que je suis sans rien à moi ?
Si j'étais berger, j'apporterai un agneau ;
Si j'étais un mage, j'offrirai mon cadeau ;
Pourtant ce que je peux lui donner je le lui donne volontiers : c’est mon cœur tout entier.
Commentaires:
-Dans la première strophe, Rossetti décrit les conditions physiques de l'Incarnation du Christ à Bethléem : un long et sombre hiver symbolisant l'attente messianique.
-Dans la strophe deux, Rossetti souligne le contraste entre la première et la seconde venue du Christ : entre la puissance de Son règne à venir et le mystère tout aussi grand de Son humble venue sur terre.
-La troisième strophe insiste sur l'abaissement de Jésus et son renoncement à la gloire : l’environnement de la naissance est décrit : une humble étable, des bêtes de somme.
NB : la mention du sein maternel qui a nourri Jésus à la naissance fut omise dans la plupart des recueils se chants (il faut signaler à cet égard, que le poème n'était pas destiné au départ à être chanté dans le cadre de l'Eglise).
Rossetti décrit un autre contraste à la quatrième strophe : entre la gloire des archanges, êtres spirituels qui sont comme suspendus dans les airs et une Marie bien sur terre qui entoure l’enfant Jésus d’une tendresse toute maternelle. Cette strophe ne fut pas toujours mise en musique non plus.
Les vers suivants furent en effet jugés trop réalistes:
La dernière strophe introduit un ton plus introspectif, une réflexion plus personnelle: devant la personne de Jésus, nous nous présentons les mains vides, car au plus Humble parmi les humbles, nous ne ne pouvons qu'offrir notre cœur.
Voici a traduction Gyr-Arnéra qui adoucit les deux passages réalistes:
Au cœur d'un hiver sombre et glacé par le vent,
Sur neige, neige tombe, effaçant le temps.
Terre comme fer durcie, ruisseaux sans vie.
Nuit d'hiver quand donc verras-tu la lumière ?
La terre et le ciel même sont trop étroits pour Dieu.
A l'aube de Son règne, ils fuiront tous deux.
Pour l'instant une bergerie en cette nuit a suffit
Pour la splendeur de Jésus-Christ.
Celui que les archanges adoreront sans fin,
Se contenta d'un lange, d'un berceau de foin.
Lui devant qui tout genou fléchira un jour,
S'endormit veillé par l'âne gris.
Les archanges et les mages ont loué Sa venue.
Mais le premier hommage qu'entendit Jésus
Fut ce chant, plein de douceur venant du cœur de Marie,
Berçant tout doucement son Fils.
Moi qui ai les mains vides, que puis-je Lui donner ?
Si j'avais bergerie, un agneau sevré.
Si j'étais un roi d'Orient, de beaux présents.
Je ne puis donc, O Seigneur, que T'offrir mon cœur.
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2. Avant que ne pâlissent les étoiles
-Avant que ne palissent les étoiles,
Avant le début d’un jour d'hiver,
Avant le premier chant du coq,
Jésus-Christ est né,
Né dans une étable,
Bercé dans une mangeoire,
Né étranger
Dans un monde que ses mains pourtant avaient fait.
-Prêtres et rois dormaient profondément
à Jérusalem ;
Jeunes et vieux dormaient profondément
Dans la ville bondée de Bethléem ;
Croyants et anges, bœufs et ânes,
tous veillaient ensemble
Par temps d'hiver.
Avant l'aube de Noël.
-Jésus est sur le sein de sa mère
Dans le froid de l’étable,
Il est l’agneau de Dieu sans défaut et sans tâche,
Le berger du troupeau,
Mettons-nous à genoux avec l’humble Marie,
Avec Joseph fatigué et transis,
Avec les croyants et les anges, bœuf et l'âne gris,
Pour saluer le Roi des mondes.
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