22 décembre 1822. « Reste avec nous »
A Nice, la création du cimetière de l'église anglicane Holy Trinity est liée à l'édification de la première église anglicane à partir de 1820. Un groupe de personnalités issues de la communauté britannique achète le terrain en 1822. La chapelle autorisée par lettre patente adopte l'aspect d'une villa, elle est consacrée le 22 décembre 1822. A l'emplacement de cette première « villa-chapelle » est construite l'église de style néogothique Holy Trinity entre 1860 et 1862. Elle est toujours en place.
Le cimetière, dont l'une des entrées donnait sur la rue de France, a été remanié en 1959.
Le cimetière, désaffecté, a été remis en état en 1987 et une restauration des tombes a eu lieu en 2012.
D'une superficie d'environ 2500 m2, le cimetière de l'église anglicane contient environ 400 sépultures, majoritairement recouvertes de terre et de gazon et disposées librement entre le quadrillage des allées. Seules quelques-unes des sépultures, comme celle du Révérend Henry Francis Lyte (1793-1847), sont encore visibles.
Henry Francis Lyte avait été pasteur d’une Eglise du Devonshire (Angleterre). Il souffrait constamment d’asthme et de tuberculose. En septembre 1847, il envisagea de se rendre à Nice. Très faible, il prêcha un sermon d’adieu. Le soir même, il a composé l’hymne « Abide with me ». L'hymne est une prière pour que Dieu reste présent tout au long de la vie, à travers les épreuves et à travers la mort.
Reste avec nous, Seigneur, le jour décline,
La nuit s'approche et nous menace tous;
Nous implorons ta présence divine;
Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous.
En toi, nos coeurs ont salué leur maître,
En toi, notre âme a trouvé son époux.
À ta lumière, elle se sent renaître;
Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous.
Les vains bonheurs de ce monde infidèle
N'enfantent rien que regrets ou dégoûts
Nous avons soif d'une joie éternelle;
Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous.
Dans nos combats, si ta main nous délaisse,
Satan vainqueur nous meurtrit de ses coups;
Que ta puissance arme notre faiblesse,
Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous.
Sous ton regard, la joie est sainte et bonne,
Près de ton coeur, les pleurs mêmes sont doux;
Soit que ta main nous frappe ou nous couronne,
Reste avec nous, Seigneur, reste avec nous.
La référence biblique de l’hymne est Luc 24. 29 dans lequel les disciples ont demandé à Jésus de demeurer avec eux "car c'est vers le soir et la journée est passée", et l'avant-dernier vers du texte original s'inspire du texte de 1 Corinthiens 15. 55, "O mort, où est ta victoire? "
Sa fille, Anna Maria Maxwell Hogg, raconte la création dans ce contexte de l’hymne "Abide with Me" :
« L'été se terminait, et le mois de septembre (ce mois où il devait quitter sa terre natale) arrivait, et chaque jour semblait avoir une importance particulière comme étant un jour plus proche du jour de son départ. Sa famille a été surprise et presque alarmée de l'annonce de son intention de prêcher une fois de plus. A cause de sa faiblesse et du danger éventuel de l'effort, ses proches ont cherchés à l'en empêcher, mais en vain. «Il vaut mieux», comme il le disait souvent de façon amusante, quand il était en meilleure santé, « s'user plutôt que de rouiller». Il estimait qu'il fallait lui laisser réaliser son souhait et ne craignait pas les conséquences. Son attente était bien fondée. Il prêcha et, au milieu de l'attention haletante de ses auditeurs, leur fit un sermon sur la Sainte Communion ... Le soir du même jour, il remit entre les mains d'un proche l’hymne: « Reste avec nous ", avec un air de sa propre composition, adapté aux paroles ».
Quelques semaines plus tard, le 20 novembre 1847 à Nice (alors dans le royaume de Piémont-Sardaigne), Lyte mourut. L'hymne a été chanté pour la toute première fois lors de ses funérailles dans le cimetière anglican de Nice.
Alors qu'il avait écrit une mélodie pour l'hymne, la mélodie la plus habituelle de l'hymne est "Eventide" de William Henry Monk.