17 décembre 1842. Ernest Lavisse et le protestantisme
Ernest Lavisse (17 décembre 1842-18 août 1922).
Le «Petit Lavisse», ce manuel de l'historien Ernest Lavisse, fut la bible des générations d'écoliers et d'instituteurs de la IIIe République. À ceux qui ont appris l'histoire dans ce cours, il rappelle bien des souvenirs ; aux parents d'aujourd'hui, déconcertés devant le contenu des manuels scolaires, il est un outil merveilleux de clarté et de simplicité.
Paru pour la première fois en 1884. Jusque dans les années 1950, il a été l’ouvrage historique de référence dans les écoles.
Conçu pour developper l’attachement des futurs citoyens aux valeurs républicaines et à la nation, ce manuel présente une version très narativisée et illustrée de l’Histoire de France.
Ernest Lavisse, Histoire de France, cours élémentaire (Edition de 1913)
La responsabilité de la Saint-Batrthélemy est ici essentiellment attribuée à Catherine de Médicis, « une méchante femme », le roi Charles IX est décrit comme faible et pusillanime .
Un grand crime. (p 92s)
Au temps de François Premier, des Français ne voulurent plus être catholiques; ils devinrent protestants. Les catholiques détestèrent les protestants, et les protestants détestèrent les catholiques.bIls se firent beaucoup de mal les uns aux autres. En l'année 1572, le roi était Charles Neuf. Sa mère Catherine de Médicis était une méchante femme. Elle aurait voulu que son fils fit tout ce qu'elle voulait. Elle n'était pas contente parce qu'il écoutait les conseils de Coligny, qui était le chef des protestants. Elle demanda au roi de faire tuer tous les protestants qui se trouvaient à Paris. Le roi refusa d'abord, puis consentit. Le massacre commença dans la nuit. Les assassins entrèrent chez Coligny qui dormait tranquillement. Ils le frappèrent à coups d'épëe et le jetèrent par la fenêtre. Vous le voyez qui. raccroche à un rebord. Il mourut en tombant. Danstoute la ville, on tua on tua dans les maisons on tua dans les rues. Même des femmes et des enfants furent assassinés. On entendait partout des cris, des coups de feu, et les cloches des églises qui sonnaient à toute volée. La Seine s'emplitde cadavres que les assassins y jetaient. Plusieurs milliers de protestants furent ainsi massacrés. Ce fut un crime abominable.
On l'appelle le massacre de là Saint-Barthélemy parce qu'il commença le 24 août,bjour de la fête de ce saint. Le roi Charles se repentit d'avoir laissé commettre un si grand crime. Il ne pouvait plus tenir en place. Il n'osait plus regarder personne en face il baissait la tête, fermait les yeux, les rouvrait, puis les refermait. La lumière lui faisait mal. Pour se distraire, il partait à la chasse. Il courait à travers bois deux et troisjours de suite. Il ne s'arrêtait que pour mangerou pourdormirunmoment. Il criait pour commander à ses chiens, ou bien il jouait du cor à se rompre là poitrine. Ses mains, à force de tenir les rênes de son chêval, durcissaient; on y voyait des coupures et des ampoules. Il n'écoutait plus ce qu'on lui disait. Quand sa mère, la reine Catherine lui annonçait une nouvelle il disait «Cela m'est éga!, et tout le reste aussi.)
Il. tomba malade. Dans ses dernières heures, il était gardés par sa vieille nourrice. Elle l'entendit se plaindre,soupirer et pleurer. Elle s'approcha de lui tout doucement et elle écarta le rideau. Il lui dit « Ah ma nourrice, ma mie, ma nourrice, que de sang et de meurtres Ah qu'on m'a donné un méchant conseil! Oh! mon Dieu, pardonne-moi.; aie pitié de moi, fais-moimiséricorde,s'il te plaît. »
Le bon roi Henri IV est présenté comme « ayant permis aux protestants de grder leur religion ».
Henri Quatre est assassiné. (p 102s)
Henri Quatre s'était fait catholique; mais il avait permis aux protestants de garder leur religion, et défendu à tout le monde de les maltraiter. Alors, il n'y eut plus de guerre entre les catholiques et les protestants, et la France fut tranquille. Mais il y avait des catholiques qui croyaient que le roi ne s'était pas fait catholique pour de bon, et quilui en voulaient. Henri Quatre pensait souvent qu'il serait assassiné, et alors, lui qui était si gai, il devenait triste. Un jour du mois de mai 1610, il était plus triste qu'à l'ordinaire. Il marchait à grands pas dans sa chambre, en disant « Ils me tueront. Ils me tueront! Il parla d'aller voir Sully, mais il ne pouvait se décider à sortir. Plusieurs fois, il dit « Irai-je, ou n'irai-je pas? » Enfin il monta dans un carrosse. Le carrosse avait fait très peu de chemin quand il rencontra, dans une rue étroite, une grosse charrette.Il ralentit et rasa le petit trottoir, le long des boutiques. Alors un misérable, appelé Ravaillac s'approcha. Il frappa le roi de deux coups de poignard. Le roi poussa un cri.Il dit à ceux qui se trouvaient près de lui « Ce n'est rien ? II répéta « Ce n'est rien » mais d'une voix si faible qu'à peine on l'entendit. Le carrosse fut ramené au Louvre et le roi mourut en y arrivant. La triste nouvelle fut bientôt connue dans Paris. Ce fut une désolation générale. Vous voyez des marchands qui se dépêchent de fermer leurs boutiques.Ils craignent que la guerre recommence et qu'on pille les maisons. Les gens pleuraient. Ils parlaient bas mais de temps en temps, on entendait ce cri « Nous sommes perdus, notre bon roi est mort ».
Le roi Louis XIV, est présenté comme ayant retirer au x protestants la permission de conserver leur religion ».
Les protestants aux gaïères (p 116).
Rappelez-vous.que le bon roi Henri Quatre avait permis aux protestants de conserver leur religion. Louis Quatorze retira cette permission. Les protestants qui ne voulurent pas se faire catholiques furent envoyés aux galères. Les galères étaient des vaisseauxqui marchaient à la rame. C'était si pénible,si dur de manœuvrer les grandes rames, qu'on envoyait aux galères des hommes qui avaient été condamnés pour avoir commis des crimes.
Voyez sur l'image les galériens. Ils ont le crâne rasé, le corps à moitié nu.. Ils se penchaient pour enfoncer la lourde rame dans l'eau, et se redressaientpour l'en retirer avant de l'y plonger encore. S'ils étaient fatigués, s'ils ne ramaient plus aussi bien, un homme que vous voyez les frappait avec un bâton. Combien dur de traiter ainsi même des criminels. C'était. abominable d'envoyer aux galères des protestants qui n'àvaient pas commis de crimes, et qui étaient d'honnêtes gens.