15 juillet 1606. Naissance de Rembrandt à Leyde (1606-1669). Le peintre biblique par excellence. Puisant essentiellement son inspiration dans la Bible, il en actualise au gré d‘une lecture quotidienne les textes de l‘ancien et du Nouveau testament. La Bible redécouverte par la Réforme est pour lui et tant d‘autres peintres hollandais un grand livre d‘inspiration artistique. Il bénéficia de l‘influence de pasteurs tant réformés que mennonites.
Rembrandt et la Bible
Rembrandt van Rijn est né le 15 juillet 1606 à Leyde. Figure de proue de la peinture néerlandaise, Rembrandt a consacré de très nombreux tableaux, eaux-fortes et dessins à des sujets bibliques. Ce qui fait de lui, Le peintre biblique par excellence, puisant essentiellement son inspiration dans la Bible, il en actualise les textes, au gré de sa lecture quotidienne.
Il en est ainsi pour les textes de l’Ancien Testament : avec une prédilection pour les histoires d’Abraham, Isaac et Jacob, de Joseph, de Samson de Saül et David. Le Nouveau testament aussi sert d’inspiration à de nombreuses scènes bibliques, où s’affirme une interprétation très personnelle du clair-obscur : Rembrandt présente ses personnages dans la pénombre et parvient, par de subtils passages de l’ombre à la lumière, par des ellipses et un art du dépouillement, à faire rayonner les parties sur lesquelles est concentré l’intérêt, et à nous placer au cœur même de l’Évangile.
Même dans la plupart de ses paysages, Rembrandt nous montre, des sites proches d’Amsterdam, objets de ses promenades habituelles du dimanche. Il y traduit une fascination et un immense respect devant la nature, inspiré par la révélation biblique.
La vieille femme et la Bible
Posée à plat sur les genoux d’une vieille femme (la mère de Rembrandt ou la prophétesse Anne), la Bible-le Livre par excellence- s’ouvre en deux au cœur du tableau. Foyer de lumière autant que centre de gravité…
« Rembrandt a souvent représenté sa vieille mère en train de lire la Bible ou de prier. Dans ces œuvres, il rend hommage à la Bible, dont les pages sont irradiées d’une lumière chaude et comme soulevées par un souffle. Le Livre est vivant, il respire. Ses feuilles se redressent, soulevées par le halètement d’un souffle mystérieux, le battement d’un pouls secret. L’Esprit Saint s’engouffre dans la lettre. La page s’enfle comme un poumon. »
Le pasteur Anslo et sa femme
Ici l’art et la maîtrise de Rembrandt culminent à un niveau rarement atteint dans la peinture occidentale. Ce qui est peint ici n’est autre que la parole et l’écoute : la parole du pasteur, qui désigne de la main la Bible ouverte sur la table, et l’écoute de l’épouse, attentive à recevoir la parole. Dans sa majesté formelle et picturale, l’événement est singulièrement cadré en contre-plongée, vraisemblablement pour accentuer la puissance d’une immense présence
La mort de sa femme Saskia va marquer un approfondissement de la foi et de l’œuvre de Rembrandt, un tournant spirituel de la vie du peintre. « La souffrance et les contacts avec la communauté évangélique mennonite, pour la quelle l’unique norme pour la foi est la Bible, vont rapprocher Rembrandt du message central de la Bible. Le pasteur Anslo va lui rappeler que Dieu n’est pas indifférent au sort des êtres qu’il a créés. En l’écoutant, Rembrandt va retrouver un Dieu humble et doux, qui s’est fait pareil aux hommes, qui comme eux, chétif, sans autre beauté que celle qui émane de ses yeux tout rayonnants d’amour. Un homme qui s’est revêtu de la nature la plus modeste, sans fierté et sans arrogance, semblable aux plus pauvres, qui n’a pas voulu emprunter l’éclat surnaturel des anges, afin que les timides et les déshérités viennent à lui sans honte et sans crainte…. Rembrandt est un des seuls grands peintres à avoir compris que la beauté de Jésus-Christ, cachée, ne se révèle qu’aux yeux de la foi, jusqu’au jour où la foi deviendra la vue.»
Le retour de l’enfant prodigue
La Bible dont Rembrandt fut l’un des prodigieux interprètes, offre ici à l’artiste l’un de ses sujets les plus émouvants. : le retour de l’enfant prodigue. Ce tableau est la dernière scène d’histoire peinte par l’artiste, entre 1666 et 1669, l’année de sa mort. Une trentaine d’année plus tôt, ce même épisode avait donné lieu à un tableau joyeux et sensuel. Devenu vieux Rembrandt préfère traiter le thème essentiel du pardon. De la parabole de ce fils, revenu chez son père après avoir dilapidé son bien dans une vie de débauche (Luc 15), le peintre choisit de représenter le moment le plus fort : celui où, loin de l’agitation du monde extérieur, le père pardonne au fils. Au seuil de la mort, Rembrandt livre une image admirable de la compassion sans limites du Créateur. Le vieillard aux yeux clos étreint le fils pécheur. Celui-ci, vêtements en loques, plante des pieds blessée, corps émacié, se laisse aller dans les bras paternels. Le père, enveloppé dans une cape rouge, pose ses mains sur ses épaules. Le sujet du tableau c’est bien ce contact qui sauve, en enlevant le péché. Fils et père ne font plus qu’un, leurs formes se confondent : parfaite image de résurrection. »
Les pèlerins d’Emmaüs
« L’étonnement, c’est le titre que pourrait porter ce tableau de Rembrandt, (Paris, Musée Jacquemart-André), inspiré d’une scène de l’Évangile de Luc où deux disciples reconnaissent en ce voyageur attablé avec eux dans une auberge le Christ ressuscité. Étonnement… le verbe vient du latin attonare « frapper de la foudre » et le nom avait encore jusqu’au XVIIe le sens d’« épouvante, effroi ». C’est ce sens fort qui convient à ce tableau de 1628. De façon surprenante, le centre du tableau n’est pas Jésus mais le visage d’un des disciples ! L’autre est tombé à genoux devant le maître, tandis qu’on discerne à l’arrière-plan une femme affairée dans sa cuisine, ignorante de l’événement. C’est le coup de génie de Rembrandt : dans ce tableau on ne voit pas Dieu, mais on aperçoit sa trace sur le visage de l’homme touché par la lumière qui vient du Christ.
L’étonnement est le moteur du changement. L’homme, qui croit tout savoir et maîtriser, est replié sur son petit univers ; il ferme les yeux et refuse de se laisser toucher. Ici l’étonnement entraîne une rupture, la conversion du cœur et du regard. Laissons-nous donc étonner par Dieu… »