25 août 1572. « Miracle » au cimetière des Innocents
Un chroniqueur parisien contemporain du massacre de la Saint-Barthélemy, Pierre de l'Estoile (1546-111), rapporte dans ses Mémoires-Journaux, un fait qui a pour origine la croyance populaire dans les miracles ou l'attribution d'une intervention divine à une chose inattendue qui frappe les regards :
“Le lendemain de la Saint-Barthélemy, environ midi, le bruit se répandit qu'au cimetière Saint-Innocent, une aubépine sèche et sans feuille aurait refleuri. Le peuple y accouru de toutes parts en si grande foule qu'il fallut y poser des gardes alentour ; on commença à sonner et carillonner les cloches de joie. Le peuple mutin croyant que Dieu, par ce signe, approuvait le massacre, recommença de plus belle. “
Ainsi quantité de pauvres gens furent massacrés parce qu'une épine avait fleuri. Elle était sèche, mais pouvait être morte en apparence seulement. Elle avait eu un regain de vie dans ce terrain fertilisé par la chair humaine. Les jours précédents, et sans doute que cela fut remarqué, des boutons avaient pu se former ; leur éclosion, sous l'effet de la chaleur, n'eut rien d'extraordinaire un 25 août. Mais il se trouva des gens habiles pour exploiter la crédulité populaire de manière à justifier leur crime : « Dieu nous approuve par ce miracle! ». Et ils firent sonner les cloches pour annoncer dans tout Paris ce fait miraculeux.